Dans le cadre de « Sâa Siida » (Happy Hour ), rendez-vous musical et convivial d’une heure, comme l’indique son appellation, proposé tous les jeudis par la salle du « 4è Art » dépendant du Théâtre national tunisien, le groupe musical TAOA a proposé récemment les résultats de ses recherches et de ses créations à partir d’oeuvres triées du Malouf tunisien.
Ce groupe est formé par : Abir Abdelkrim au Oûd, Mariem Azizi, au chant et qui s’avère avoir plusieurs cordes à son arc, étant connue comme universitaire, photographe d’art et critique de cinéma et Ragheb Ouergli à la guitare basse et « aux commandes des machines », voire des rythmes sur ordinateur avec les bruitages et les sons vocaux.
La revisite de ce pan de la musique tunisienne sortait totalement du déjà vu et entendu dans le cadre des arrangements entrepris auparavant par plusieurs compositeurs et interprètes. Le Malouf n’était, en fait, qu’un prétexte pour fusionner la musique tunisienne avec d’autres musiques. Le Malouf tunisien s’était donc retrouvé minimalisé dans la mesure où le nombre de morceaux instrumentaux l’emportait et de loin sur les chants et les chansons créés au sein de la Rachidia. Et ce n’était que des extraits des oeuvres choisies, car le temps imparti ne le permettait pas, comme de bien entendu.
Et était-ce là et seulement un avant-goût de ce projet musical, si on ose ainsi l’appeler ? Les concepteurs du spectacle le présentaient comme « un son à la fois connu et inhabituel. » Une « Fatha » (Ouverture) sur une autre conception du plus célèbre des genres musicaux tunisiens, le Malouf, en l’occurrence. Nos musiciens vont encore aller plus loin en affirmant que c’est « un concert de Malouf qui sort du Malouf. »
La boutade contient certainement une part de vérité sur les intentions, bonnes nous l’espérons, de nos jeunes musiciens. Car le « Malouf » signifie dans la langue arabe « Familier », une musique et un chant familiers. Mais avec « Fatha », notre musique séculaire tunisienne a tendance à se perdre et à se chercher dans les méandres de la recherche et de l’innovation. Et c’est généralement le même résultat auquel ont abouti et aboutissent ceux qui arrangent le Malouf.
En plus et à titre d’exemple, un « Barwel » ou « Khatm » habituellemt rapide et rythmé devient chez TAOA lent et langoureux. Le concert a été axé sur les introductions musicales, les petits morceaux et les improvisations. Une autre manière de voir et de concevoir la musqiue tunisienne, ici, le Malouf.
Et ce concert avait tout de même un mérite, celui de faire connaître le Malouf auprès des jeunes générations au sein même des sons musicaux modernes et avant-gardistes qu’ils préfèrent. Ainsi, le Malouf sera-t-il ainsi « sauvé » du dénigrement et de l’oubli ?
Lotfi BEN KHELIFA