TUNIS – UN/Agences – Des personnes sans abri suite au séisme de magnitude 7,8 qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février 2023, reçoivent des matelas distribués par une ONG, dans un camp de la ville d’Afrin, dans la province d’Alep tenue par les rebelles, le 16 février 2023
Cela fait aujourd’hui deux semaines que le séisme de magnitude 7,8 sur l’échelle de Richter a frappé plusieurs régions turques et syriennes, faisant plus de 40 000 morts. Depuis, l’aide humanitaire pour la Syrie tente de s’organiser notamment par le biais des organisations internationales, gouvernementales ou non.
Elle reste toutefois insuffisante alors que le nombre des victimes sur le sol syrien s’élève, selon des chiffres encore provisoires, à 1 400 en zone gouvernementale et 4 400 dans les zones rebelles. La Turquie, où le bilan est encore plus lourd, a pu compter sur le soutien des pays occidentaux, là où la Syrie souffre des blocages géopolitiques qui compliquent le passage des frontières et l’accès aux populations.
Après deux semaines de chaos et de mobilisation internationale, le responsable de Médecins du monde déplore une aide à deux vitesses : « Pour la Turquie, c’est une catastrophe évidente, mais c’est un pays riche qui va se relever, d’autant qu’il bénéficie d’une aide internationale massive. » Du côté syrien en revanche, seuls l’Iran, la Russie et les pays du Golfe ont répondu présent.
Pour le reste, ce sont les organisations internationales qui administrent l’essentiel de l’assistance. « Soit directement, soit par le biais de partenaires locaux », dit-il encore. La nécessité d’accroître les moyens matériels et humains en Syrie s’explique aussi par la détresse des équipes locales qui, elles aussi, ont subi les conséquences du séisme : «Il y a un gros besoin de renfort ; pour coordonner les équipes mais également pour leur apporter un soutien psychologique », a souligné Jean-François Corty, chercheur et porte-parole de Médecins du monde.
En raison des sanctions imposées à Damas, le passage vers les zones gouvernementales n’est pas garanti car Moscou, qui a concédé l’ouverture d’un nouveau corridor humanitaire –celui de Bab Salama (nord-ouest d’Alep)–, peut à tout moment se rétracter et compliquer l’approvisionnement. Dans ce contexte, les organisations internationales cherchent à accroître leur capacité de réponse, en négociant avec Damas : « Les autorités syriennes se montrent ouvertes aux discussions, et les négociations pourraient permettre de faciliter le passage des frontières avec les autres pays, notamment le Liban et peut-être la Jordanie ». indique encore Jean-François Corty.
Sur place, grâce aux ONG, la population a accès à une sécurité alimentaire, des couvertures et des tentes, ainsi que l’administration de soins. «Sauf qu’en Syrie le défi est double. Il ne s’agit pas uniquement de répondre seulement aux besoins créés par le séisme, mais également de garantir le maintien des soins antérieurs, qui avaient été mis en place pendant la révolution de 2011. »