TUNIS – UNIVERSNEWS – La Banque mondiale ne voit le salut de la Tunisie que dans la réforme des subventions à l’énergie, mais fait abstraction des effets négatifs de cette orientation sur le pouvoir d’achat du citoyen, de la hausse des prix à la production de plusieurs produits de consommation et de l’impact sur l’attractivité des exportations tunisiennes.
«La réforme des subventions à l’énergie peut contribuer à résoudre la crise macro-budgétaire, à améliorer la viabilité financière des entreprises de l’État et à stimuler la transition verte, mais la réforme doit minimiser les impacts sur les catégories vulnérables », c’est ce qui ressort d’un Bulletin de Conjoncture sur la Tunisie «Réformer les subventions énergétiques pour une économie durable» (Printemps 2023), publié jeudi, par la Banque Mondiale.
Cette contradiction entre les deux axes fondamentaux de cette étude est de nature à montrer que, dans son acharnement, la Banque mondiale ne se préoccupe que des équilibres macro-budgétaires, et les conséquences seront aussi néfaste que celles arrivées à certains pays –notamment la Grèce- qui avait suivi, durant un certain temps, les recommandations de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Mais ils se sont vite rétractés, surtout qu’ils ont couru les risques de mécontentements populaires dont les effets auraient été plus catastrophiques.
La BM a souligné, dans ce document, que « les subventions énergétiques ont constitué une dépense importante dans le budget de la Tunisie, représentant en moyenne 6,4% des dépenses publiques et 2,14% du PIB sur la période 2011–2021 », mais ces charges se sont accrues, avec la récente augmentation des prix mondiaux des produits de base, pour représenter 5,3% du PIB et 15% des dépenses publiques, en 2022.
Dans ce même contexte, la BM a fait savoir que les importations d’énergie se sont élevées à 50% de la demande en Tunisie en 2022, (contre 7%, en 2010), portant la facture d’importation d’énergie à 15 milliards de dinars, soit 10,3% du PIB, «ce qui explique la plus grande partie de l’augmentation du déficit du compte courant en 2022».
La Banque a réitéré l’impératif de développer les énergies renouvelables à grande échelle, afin de parvenir à réduire la dépendance aux combustibles fossiles et aux importations, tout en réduisant le coût de production de l’électricité. Toutefois, la Tunisie fait face, dans ce domaine, à un retard monstre qu’elle pourra difficilement combler.