TUNIS – UNIVERSNEWS Les journalistes tunisiens fêtent, aujourd’hui, la journée internationale de la presse, dans une conjoncture difficile où les médias sont malmenés et ballottés par tout le monde, et n’ont pour toutes armes que leur stylo et leur beefsteak (le papier sur lequel on écrivait précédemment)… remplacés, avec la modernisation, par l’ordinateur.
Conjoncture difficile, manque de moyens financiers, législation répressive et nombreux intrus dans le secteur, ont donné à la presse une image des plus déplorables… alors que toutes les parties –Etat, présidence de la République, gouvernement, propriétaires et directeurs de médias et journalistes se rejettent la balle et se jettent les accusations les plus abominables concernant la responsabilité de l’état des lieux.
Reporters sans frontières a estimé que la Tunisie a perdu 27 points en matière de liberté de la presse par rapport à l’année dernière et se classe au 121e rang mondial. Ce classement de la presse tunisienne, douze ans après la « révolution » qui a ouvert une grande porte à la liberté dans le domaine médiatique, impose une fois de plus une révision de la scène qui souffre de nombreux paradoxes.
Malgré le grand espace de liberté, la plupart des institutions lancées après la « révolution » ont fermé leurs portes, en raison du déficit financier et de l’absence de soutien de l’État.
Quant au reste des institutions, qu’elles soient privées ou publiques -notamment, les confisquées- elles souffrent de réelles difficultés. Les victimes sont toujours les employés, les journalistes et les techniciens, pour la plupart.
Le décret n° 54 de la presse tunisienne a aggravé la crise du journalisme, concomitant avec le procès de plusieurs journalistes, de Noureddine Boutar à Mohamed Boughallab à Monia Arfaoui et consorts, ce qui donne une mauvaise image du pays qui a besoin d’un soutien international.
Aujourd’hui, le dossier de la presse a besoin d’un dialogue sérieux entre le gouvernement et les professionnels pour que l’Etat assume ses responsabilités dans le soutien à la presse dans tous ses aspects et avec l’élaboration d’une législation capable de couper la voie aux financements suspects, qu’ils soient tunisiens ou étrangers, surtout que, durant la décennie noire, les médias ont joué un rôle négatif dans de nombreuses situations et étapes. Certains médias n’ont pas pris en compte l’intérêt supérieur du pays, en particulier au niveau des questions de sécurité nationale. La liberté s’est souvent transformée en chaos et en gabegie, et ce qui est requis aujourd’hui est de réorganiser les priorités entre les professionnels et le gouvernement.
La liberté et l’indépendance des médias est un pilier essentiel du projet démocratique, mais la défense de la sécurité nationale et de la souveraineté nationale doit être une ligne rouge pour tous les professionnels et pour tous les médias tunisiens, sans aucune allégeance, ni appartenance politique.
MUSTAPHA MACHAT