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Avant de déboulonner la statue d’Ibn Khouldoun, il faudra passer sur les corps de tous les Tunisiens
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La Tunisie n’a jamais été et n’a jamais eu un prolongement territorial ou politique, ni humain vers ou de l’Afrique subsaharienne
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La Tunisie a une histoire qui lui est spécifique, qui a pris souche sur les différentes étapes qu’elle avait connues
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La Tunisie n’est pas un pays sans histoire pour se faire « braquer », et Hannibal… n’a rien d’un Africain
par Tawfik BOURGOU
TUNIS – UNIVERSNEWS – Une sorte de fièvre falsificatrice de l’histoire semble s’emparer de quelques « personnalités » dans le sillage de ce que la Tunisie a légitimement entrepris pour protéger ses frontières et son territoire.
Le cas le plus ridicule a été celui de cette dame qui se dit « historienne » et qui propose le déboulonnage de la statue d’Ibn Khouldoun trônant au centre de la capitale pour satisfaire aux préceptes du wokisme. Se croirait-elle au milieu de la Nouvelle Orléans et déboulonnant la statue du Général Lee ? Avant d’arriver à déboulonner la statue de Ibn Khouldoun, il faudra passer sur les corps de tous les tunisiens.
Bien avant cette fièvre anti-tunisienne, des vidéos ont été diffusées avec des orateurs subsahariens proférant des thèses haineuses, les armes à la main, appelant à « la conquête de l’Afrique du Nord » au nom d’une réécriture et d’une falsification de l’histoire. Des sornettes auxquelles il ne faut pas accorder une grande importance et leur opposer des arguments scientifiques simples et lapidaires et peut-être la force si cela devenait nécessaire.
En remontant loin dans l’histoire, déjà trois fois millénaire de la Tunisie, en ayant recours à la géohistoire de ses frontières, de son organisation, des invasions qu’elle a subies et même de l’organisation des multiples pouvoirs qui l’ont administrée et des civilisations qui l’ont peuplées, un certain nombre de traits apparaissent et montrent un point fondamental en capacité de faire taire les révisionnistes de l’histoire tunisienne.
Dans sa longue histoire, la Tunisie actuelle, qui est la plus vieille entité géopolitique du continent africain, n’a jamais été administrée par un royaume, sultanat, empire dont le centre du pouvoir se situerait dans l’espace au-delà du Sahara.
Toute l’historiographie tunisienne, berbère, carthaginoise, romaine, arabe, ottomane, nationale tunisienne, les différentes cartographies concluent à ce fait majeur.
Parallèlement, la Tunisie prise dans son ensemble, dont les frontières sont restées assez stables depuis le début du 18 e siècle, n’a jamais ni prétendu, ni administré ou conquis un territoire ou une population de l’autre côté du Sahara. De fait, historiquement la Tunisie n’a jamais été et n’a jamais eu un prolongement territorial ou politique, ni humain vers ou de l’Afrique subsaharienne. Quant au début du XIXe siècle, elle a été témoin d’un début d’invasion depuis le sud, les souverains de l’époque ont eu la clarté d’esprit de stopper la conquête du pays.
Le désert du Grand Sahara a formé la frontière et la séparation majeure. Les royaumes africains étaient quant à eux tourné vers le sud de leur territoire, regardaient tous sans exception aucune vers les espaces et les marges prospères du sud et non vers le nord.
D’ailleurs, les royaumes africains précoloniaux, même dans la période avant la fin du XVe siècle n’avaient jamais entrepris une montée vers le nord, y compris après l’ouverture des routes caravanières. Il suffit de lire E. Mbokolo et sa célèbre histoire de l’Afrique pour saisir cette donnée fondamentale.
Le peuplement originel de la Tunisie, comme d’une partie de la Libye a été d’abord berbère, sans de réels liens avec l’Afrique au-delà du désert.
Les changements de populations que la Tunisie a connus sont d’abord issus d’invasions venus de l’est, passant par l’actuelle Libye, spécialement la Tripolitaine. Des incursions sont venues de l’ouest et du nord-ouest, des invasions depuis la mer, aucune invasion, n’est venue du sud, de l’autre côté du désert. Ceci est un fait historique indéniable et ne peut être balayé par les révisionnistes au nom de quelques prétentions sur le territoire et sur ce qui a été bâti par les fondateurs de la Tunisie.
De ce fait, la Tunisie n’a jamais eu, ni prétentions, ni racines, ni prolongement en Afrique au sud du désert. L’histoire le montre.
Certains, naïvement, parmi les Tunisiens alimentent, par des slogans des idéologies totalitaires de négationnistes de l’histoire tunisienne, quand le problème est purement sécuritaire, lié à la maitrise de la frontière.
On ne le répètera jamais assez, la frontière fait l’Etat, elle fait la société, elle fait le « nous » et le « eux ».
Or, quand un ancien chef d’Etat profère la bêtise à propos d’un pays voisin en affirmant « un peuple séparé par une frontière », nous disons non, ce sont deux peuples avec quelques points communs, séparés par des frontières d’Etats. La Tunisie a une histoire qui lui est spécifique, qui a pris souche sur les différentes étapes, dont celle de Hannibal, le carthaginois de souche phénicienne, venant de l’est de la méditerranée, sans lien avec la profondeur subsaharienne, sauf à falsifier l’histoire.
La Tunisie n’est pas un pays sans histoire pour se faire « braquer » et des personnalités historiques comme Hannibal, qui n’en déplaise aux révisionnistes de tout poil, n’a rien d’un africain au sens « wokiste » du terme, ni Carthage d’ailleurs, sauf à croire aux fariboles de l’afro-centrisme qui commence à flirter avec un fascisme falsificateur de toute l’histoire humaine des pharaons à Rome en passant par Alexandre le Grand et en finissant par Jules César.
Quant à la phrase bête et ridicule « l’Afrique aux Africains » on lui rajoutera simplement « oui, mais chacun dans ses frontières d’Etat, point final ».
T.B.
Politologue