- Les Tunisiens, révoltés sur la toile, appellent au départ de l’équipe de La Kasbah
- Le nombre des victimes serait plus grand et atteindrait plus de vingt nourrissons
Pour un drame, c’en est un. Nous parlons de la tragédie survenue au centre de maternité et de néonatalogie de l’hôpital La Rabta. En effet, en l’espace de 48 heures, les jeudi 7 et vendredi 8 mars 2019, pas moins de onze nouveau-nés sont décédés dans des circonstances mystérieuses.
La directrice générale de la Santé, Nabiha Borsali a donné les premiers éléments des éventuelles causes de ces décès en attendant les résultats formels de l’enquête médicale et administrative pour déterminer les origines de ce drame et les différents niveaux de responsabilité de cette tragédie, qualifiée, d’ores et déjà des « 48 heures noires pour la médecine tunisienne », jadis, à la réputation internationale des plus solides.
Le président de la République, Béji Caïd Essebsi aurait appelé le ministre de la Santé à participer à la réunion du Conseil de sécurité nationale lundi 11 mars 2019 pour présenter un rapport détaillé sur les responsabilités.
Pour sa part, le Parquet a ordonné l’ouverture d’une information judiciaire alors que le juge d’instruction s’est rendu sur les lieux accompagné du représentant du ministère public pour déterminer les circonstances des faits.
« Tous les détails entourant les faits vont être communiqués à l’opinion publique incessamment », a déclaré le porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis, Sofiene Sliti.
Il s’agit, certes, de mesures obligatoires à prendre. Mais il ne faut pas que les réactions s’arrêtent à ce niveau et qu’on nous dise, par la suite, que les autorités ont fait leur devoir. Dans un pays démocratique où trône l’Etat de droit et des institutions, il y a des têtes qui auraient dû tomber. Cela va du chef du service où le drame est survenu avant d’aller crescendo pour atteindre le ministre de la Santé (il vient de démissionner de son propre chef), voire le chef du gouvernement en personne.
Or, il a fallu près de 24 heures après la tragédie, pour que Youssef Chahed finisse par réagir et convoquer une réunion dite d’urgence du Conseil des ministres. Mais après quoi ? Après avoir donné la priorité à son image en se rendant au Centre de la Femme rurale à Korba, accompagné de Walid Jalled, un des animateurs qui fait le plus de bruit pour Youssef Chahed et pour « essayed raïs el houkouma »». Alors que faisait-il avec le chef du gouvernement et à quel titre ?
Des mauvaises langues sont vite allées, donc, en besogne pour dire qu’il est occupé, plutôt, par la marche de son parti qui se targue d’avoir enregistré 45 mille adhérents en l’espace de cinq jours !
Il faut dire que le chef du gouvernement n’est pas le seul dans ce cas. Tous les membres du gouvernement, à commencer par son porte-parole, ont, désormais, une double casquette et une double tâche à assumer, à savoir, la gestion des affaires de l’Etat et celle du lancement du nouveau parti issu du gouvernement.
Pour revenir au drame, force est de reconnaître que toutes les expressions de compassion du monde ne peuvent suffire à atténuer la tristesse de toutes les familles et de tous les parents touchés au plus profond d’eux-mêmes et qui ont vu l’heureux événement se transformer en un moment tragique aux séquelles indélébiles.
Et ce n’est sûrement pas la visite du ministre de la Santé à l’hôpital qui va faire revenir des nourrissons ayant à peine vu le monde.
Et si le président de la République a fait le geste symbolique de convoquer le ministre de la Santé conférant, ainsi, au drame une dimension d’atteinte à la sécurité nationale, le chef du gouvernement dont les prérogatives consistent, entre autres et surtout, à s’assurer de la bonne marche de chaque département ministériel, s’est illustré par son silence jusqu’à ce soir, alors qu’il n’a cessé, ces derniers temps, de multiplier les sorties avec des faits d’annonce, devenus curieusement assez nombreux. Sans oublier, bien entendu, les visites inopinées.
Déjà, les réseaux sociaux, les multiples statuts rendus publics sur les différentes pages Facebook des internautes expriment la tristesse, l’amertume, le dépit, la colère et la révolte contre l’absence de l’Etat, plus précisément, du gouvernement qui, après cette haute tragédie, est appelé à partir puisque tous ses membres ou presque, ceux de tahya tounes, d’Ennahdha, sont occupés par la campagne électorale précoce.
Autrement dit, c’est le moment pour qu’ils cèdent la place à un cabinet restreint de technocrates pour gérer les affaires du pays. Et qu’ils se consacrent à leurs partis et à la politique politicienne, mais ils n’ont plus de place et encore moins la confiance des Tunisiens pour gérer leurs affaires.
D’ailleurs, les Tunisiens sont, aujourd’hui, enfin, unis mais malheureusement, dans la tristesse et dans la douleur.
Et le comble de la honte, c’est ce qu’on apprend, selon les dernières nouvelles. Certains des nouveau-nés, décédés de la plus affreuse des manières à cause de la négligence, des défaillances et des inconsciences, ont été remis à leurs parents dans des cartons alors que d’autres se sont vus refuser la restitution des petits cadavres pour la plus vile et la plus mesquine des raisons, à savoir qu’il faut d’abord payer les frais de l’hospitalisation. Et quoi encore !
C’est ce qui ressort, en effet, des témoignages diffusés par certains des parents concernés, le carton avec le cadavre du bébé entre les mains, sur la chaîne de télévision Nessma TV.
Pourtant, sous d’autres cieux, les dédommagements que le ministère de la Santé, donc le gouvernement, devraient payer, pourraient s’élever à des centaines et des centaines de milliards !
Ceci n’est qu’une preuve supplémentaire que le patron de La Kasbah est davantage occupé par toutes sortes de manifestations pour se montrer en public alors que les indicateurs économiques et sociaux ne cessent de se dégrader, comment l’attestent les experts indépendants et non pas comme veulent le faire croire les partisans-courtisans du chef du gouvernement.
Franchement, le dépit est général ce soir et les appels à la démission du chef du gouvernement sont de plus en plus pressants.
En tout état de cause, le drame est immense et le conseil ministériel qui devrait être tenu ce soir du samedi arrive trop tard dans le sens où le mal est fait, l’humiliation des parents des nourrissons a été durement ressentie et le mécontentement des Tunisiens est à son comble, sachant que des bruits courent que le nombre des bébés victimes de ce drame serai encore plus important pouvant d’élever à plus de 20 nourrissons…
La catastrophe est immense et le deuil est national et général !
Noureddine HLAOUI