TUNIS – UNIVERNEWS – Depuis le démarrage de la saison estivale, les plages privées pullulent. Elles n’ont pourtant pas encore d’existence légale. Ce phénomène prend de l’ampleur à la Marsa, Gammarth, Hammam-Lif, Hammamet, Nabeul, Rafraf, Maamoura, Kélibia, Chatt-Meriem, Sousse, Monastir, Mahdia ou dans de nombreuses autres villes côtières.
Plage publique, terrain privé, droit de passage…Qui dit la loi ! Cette loi existe, mais elle est souvent méconnue ou mal interprétée ce qui provoque souvent le débat. L’amalgame se situe souvent entre « plage privée » et « terrain privé » .Pourtant la mobilisation de l’APAL s’amplifie pour s’opposer aux occupations illégales des plages et à l’extension sans fin des transats et des parasols. En Tunisie, il n’existe pas de plages privées en bord de mer au sens strict du terme.
Le domaine public maritime de l’État, qui comprend la mer et la plage, est en effet inaliénable et par conséquent personne ne peut en devenir propriétaire. Il est vrai que les conflits entre hôteliers ou propriétaires pieds dans l’eau et baigneurs sont nombreux et ne datent pas d’hier ! Certains propriétaires des résidences privées et de certains établissements hôteliers ont interdit l’accès aux périmètres des plages jouxtant leurs propriétés aux estivants. Ils sont même arrivés jusqu’à installer des obstacles (portes ou barrières) gardés par des vigiles pour empêcher les estivants d’accéder aux plages.
Les estivants seraient les premiers à profiter de ces bouts de plages privatisés. Transats moelleux autour de palmiers, bars design, nourriture soignée, animation non-stop…Les établissements balnéaires fleurissent et aller à la mer est devenu un luxe, s’inquiète Najla, qui n’arrive pas à trouver un endroit pour se baigner à Hammamet Sud.
Les citoyens , pour leur part, se sont toujours révoltés contre ces pratiques estimant qu’il n’est pas du droit des propriétaires de ces résidences ou certains hôtels de privatiser le front de mer, de leur interdire d’accéder aux plages publiques et de les priver de leur droit élémentaire de se baigner dans cette période de grande chaleur.
Dr Salem Sahli, membre coordinateur du réseau associatif de Hammamet estime que « Certaines plages publiques rétrécissent comme peau de chagrin à Hammamet. Aujourd’hui, pour accéder à ce qu’il reste de langue de sable côtier à Hammamet, il vous faut contourner les luxueux hôtels construits pieds-dans-l’eau. Sur les 17 km de côtes à Hammamet, le public ne dispose que de huit accès à la mer aménagés. De nombreux habitants empruntent les oueds pour rejoindre le rivage. Il arrive fréquemment que des citoyens aient maille à partir avec des propriétaires qui se sont autorisés à «privatiser» une plage. D’autres se sont purement et simplement appropriés des accès publics à la mer. Au total, à Hammamet, il ne faut pas être grand clerc pour se rendre compte, qu’années après années, les plages publiques rétrécissent comme une peau de chagrin. »
M.S.