- « Si Ennahdha est impliqué, je ne le couvrirai pas… »
Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a reçu, aujourd’hui mardi 12 mars 2019 au palais de Carthage, le groupe de députés qui avaient porté plainte contre « l’appareil secret » attribué au Mouvement Ennahdha.
43 députés avaient déposé plainte, mercredi dernier, auprès du bureau d’ordre du Tribunal de première instance de Tunis, contre six cadres sécuritaires et deux dirigeants du mouvement Ennahdha.
Les deux membres d’Ennahdha, dont les noms ont été cités dans l’affaire de l’appareil secret attribué au même parti, sont Ridha Barouni et Abdelaziz Daghzni.
Les plaignants appartiennent aux blocs du « Front Populaire », de « l’Allégeance à la Patrie », de « Nidaa Tounes » et d’ « Al-Horra ».
Le chef de l’Etat a commencé son speech en réitérant que chaque fois qu’un député demande à le rencontrer, il a n’a pas hésité à le recevoir pour la simple raison que la souveraineté appartient au peuple qui l’exerce à travers les élus à l’Assemblée des représentants du peuple. « De même pour le président de la République, élu au suffrage universel, ce que les autres semblent avoir oublié », a-til fait remarquer en substance.
« Les ministres, semblent oublier, en effet, cette règle en croyant qu’ils peuvent parler au nom du peule dès qu’ils sont nommés à leurs postes », a-t-il enchaîné.
BCE a indiqué qu’il sait très bien, qu’en recevant les trois représentantes, cela met les autres dans l’embarras. « Mais moi, ça ne me gêne nullement et je veux que tout le monde sache cela… ».
En venant à l’affaire de l’appareil secret proprement dite, le chef de l’Etat à rappelé que la question a été soulevée lors de la réunion du Conseil de sécurité nationale car il est temps de la trancher. « Jusqu’à quand va-t-on poursuivre la polémique et les accusations, à tort ou à raison, des uns contre les autres ? L’essentiel est de parvenir à une solution. Et qu’on sache que je ne suis pas là pour condamner Ennahdha parce que c’est Ennahdha ».
Maintenant, il s’agit de savoir si cet appareil sécuritaire secret est impliqué ou non dans les assassinats des deux martyrs. Si oui, et je le dis en toute franchise, je ne couvrirai personne et aucune partie, car j’ai pris un engagement moral pour faire toute la lumière sur ces crimes, sachant que pour les autres, la morale et l’éthique n’ont plus aucun sens… »
BCE, ajoute que ces assassinats constituent une honte et un point noir pour toute la Tunisie, d’où l’impératif d’élucider ce mystère et de parvenir à la vérité, rien que la vérité, tout en réitérant qu’il ne couvrira personne sans le moindre calcul étroit.
Les uns parlent de 300 millions, d’autres avancent d’autres faits et autres chiffres. Il faut en finir, car tant que la vérité n’est pas connue, c’est très mauvais pour la Tunisie. Et, la vraie révolution c’est la connaissance de la vérité.
Béji Caïd Essebsi a indiqué que « certains sont mal à l’aise du fait que le Conseil de sécurité nationale soit saisi de ce dossier et font un grand tapage sous forme de critiques infondées, mais moi, je tiens à assumer mes responsabilité et à m’acquitter de mon devoir. Je m’en balance qu’ils soient inquiets…Et s’ils le sont, qu’ils prennent leur mal en patience…En tout état de cause, personnellement, je suis à l’aise dans la recherche de la vérité»
A noter qu’à l’issue de la rencontre, Rim Mahjoub a fait une déclaration dans laquelle elle a indiqué que cette entrevue a permis au groupe de députés de présenter au chef de l’Etat, en tant que président du Conseil de sécurité nationale les circonstances de la plainte déposée auprès de la Justice et des derniers développements de cette affaire.
Et d’ajouter qu’elle a permis de faire état de la lenteur des procédures judiciaires et des obstacles qui ont émaillé le processus de révélation de la vérité sur les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.