- « Les forces qui sont derrière l’Etat sont divisées et se réfèrent, plutôt, à leurs propres intérêts ».
La situation économique, sociale et politique, tient à peine l’équilibre sur corde raide. L’environnement politique n’a fait que mettre de l’huile sur le feu. Au lieu de se concentrer sur la mise en place des réformes nécessaires afin de faire sortir le pays du gouffre, les yeux sont penchés uniquement vers les élections. Les indicateurs économiques ne cessent de clignoter vers le rouge. Malgré la bouffée d’oxygène au niveau des exportations, les importations ne permettent pas aux choses d’aller dans le bon sens. Par conséquent, le résultat est vertigineux. Un déficit commercial qui s’enfonce d’un mois à l’autre.
D’après les dernières statistiques publiées par la Banque Centrale de Tunisie (BCT), les réserves en devises ont atteint, hier, le niveau de 14 350 millions de dinars qui couvrent 84 jours d’importations. L’euro se convertit à 3,450 DT et le dollar à 3,0715 DT. Plusieurs experts se mettent d’accord que la valeur de la monnaie nationale contre les monnaies étrangères représente la vitrine de la situation économique dans le pays. Cette détérioration du dinar nous a coûté cher en termes d’importations.
Ajoutons à ceci un paysage qui devient désolant où la population tunisienne subit les contrecoups de la détérioration du pouvoir d’achat. Récemment, le haut conseil de la statistique vient d’annoncer que le pouvoir d’achat du tunisien a connu une baisse de 3% en 2018 par rapport à 2017. En effet, le président du Conseil a fait savoir également que le pouvoir d’achat avait diminué de près de 4% entre 2011 et 2018, après s’être amélioré de 20% entre 2002 et 2011. La hausse des prix vient de massacrer le pourvoir d’achat du citoyen, chose qui rend la situation économique et sociale du pays de plus en plus difficile à gérer.
Le modèle sociétal actuel en Tunisie est en cours de fragmentation
Dans le même contexte, dans une déclaration récente, l’économiste et ancien ministre des Affaires sociales, Mahmoud Ben Romdhane, a déclaré que le modèle sociétal actuel en Tunisie est en cours de fragmentation. Il a précisé, également, que cette situation est le résultat de l’absence de l’Etat. Et d’expliquer encore : « les forces qui sont derrière l’Etat sont divisées et se réfèrent, plutôt, à leurs propres intérêts. La consolidation démocratique ne se concrétise qu’à travers l’Etat moderne et non pas l’Etat néo patrimonial. L’Etat moderne, c’est celui qui respecte les institutions et qui traite les citoyens d’une manière égale. Depuis la révolution, nous sommes dans le cadre d’un Etat néo patrimonial ».
Volet économique, M.Ben Rromdhane a indiqué aussi que l’Etat ne pourrait plus emprunter de plus vu le taux d’endettement qui est devenu extrêmement élevé. Par ailleurs, il a souligné que le risque devient de plus en plus accru en défaut de redressement. Le résultat, selon lui, sera semblable au scénario grec.
Encore une échéance devant le peuple tunisien
Dans le même sillage, l’économiste a insisté à ce que les élections de cette année contribuent à faire ressortir une nouvelle classe politique où l’intérêt commun prime avec une volonté de mettre en place les réformes indispensables dans tous les secteurs, sinon ce sera la dérive.
Il a fait remarquer, également, que le peuple tunisien se trouve face à une échéance qu’il devrait exploiter afin de consolider la démocratie escomptée.
N.A