- La Méditerranée est devenue un cimetière pour les enfants dont au moins 289 sont morts dans les traversées, depuis janvier 2023
TUNIS – UNIVERSNEWS/Agences – Le nombre est ahurissant et le phénomène prend une grande ampleur, avec plus de 11 600 enfants qui ont traversé la Méditerranée centrale pour rallier l’Italie sans leurs parents ou tuteurs légaux entre janvier et mi-septembre 2023, a annoncé vendredi, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).
L’Unicef a souligné que ce chiffre « représente une augmentation de 60 % par rapport à la même période l’année dernière », où près de 7 200 mineurs non accompagnés ou séparés avaient tenté la traversée.
Depuis janvier 2023, au moins 289 enfants sont morts lors de ces traversées, a indiqué vendredi Nicolo dell’Arciprete, coordinateur de l’Unicef pour l’Italie, lors d’une conférence de presse à Rome. «La Méditerranée est devenue un cimetière pour les enfants et leur avenir. Le bilan tragique des enfants morts en quête d’asile et de sécurité en Europe est le résultat de choix politiques et d’un système migratoire défaillant», déplore Regina De Dominicis, qui coordonne le sujet à l’Unicef.
Les images spectaculaires des arrivées mi-septembre sur la petite île italienne de Lampedusa ont remis sur le métier le dossier brûlant de la coopération européenne en matière de gestion des flux migratoires. Avec 8.500 personnes qui ont débarqué en trois jours sur l’île, soit plus que sa population totale, les arrivées ont suscité une crise locale et une tempête politique en Italie, qui multiplie les mesures d’urgence et de fermeté depuis.
Dernier exemple en date : le gouvernement de Giorgia Melloni, à la tête d’une coalition de droite et d’extrême droite, a approuvé mercredi soir en Conseil des ministres un projet de décret qui ouvre la possibilité de placer les mineurs non accompagnés de plus de 16 ans dans des structures pour adultes et de leur faire passer des examens médicaux pour déterminer leur âge. La disposition est jugée « inquiétante » par l’Unicef.
Les enfants qui entreprennent seuls ces traversées périlleuses embarquent souvent dans des canots pneumatiques surchargés ou dans des embarcations de fortune, souligne l’Unicef, qui ajoute que « L’absence de capacités de recherche et de sauvetage coordonnées et adéquates à l’échelle régionale et de coopération en mer au moment du débarquement aggrave les dangers auxquels ces enfants se confrontés lors de la traversée ».
Les enfants qui survivent à la traversée sont d’abord détenus dans des centres appelés « hotspots » avant d’être transférés dans des structures d’accueil indique l’Unicef. Plus de 21 700 enfants non accompagnés se trouvent actuellement dans ces centres en Italie, contre 17 700 en 2022.
« La mer Méditerranée est devenue un cimetière pour les enfants et leur avenir. Le bilan tragique des enfants morts en quête d’asile et de sécurité en Europe est le résultat de choix politiques et d’un système migratoire défaillant« , a fait observer, Regina De Dominicis, directrice régionale de l’Unicef pour l’Europe et l’Asie centrale et coordinatrice spéciale pour la réponse aux réfugiés et aux migrants en Europe.
Regina De Dominicis souligne que « L’adoption d’une réponse à l’échelle européenne pour soutenir les enfants et les familles en quête d’asile et de sécurité et une augmentation soutenue de l’aide internationale pour soutenir les pays confrontés à des crises multiples, sont absolument nécessaires pour éviter que davantage d’enfants ne souffrent ».