TUNIS – UNIVERSNEWS – Plus d’un jeune sur quatre de la tranche d’âge 15-29 ans se trouve dans une situation NEET (les jeunes qui ne travaillent pas et ne suivent pas d’études ni de formation). C’est une des conclusions d’une enquête copublié par les Nations Unies (Bureau du Coordonnateur Résident en Tunisie, BCR), l’Organisation internationale du Travail (OIT) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Réalisée dans quatre gouvernorats tunisiens, à savoir Kairouan, Gafsa, Sidi Bouzid et Monastir, l’enquête a également révélé que plus de la moitié de ces jeunes NEET ont atteint un niveau d’études secondaire ou supérieur: il ne s’agit donc pas majoritairement de personnes peu instruites. Pourtant, les trois quarts des NEET ont quitté les études sans avoir de diplôme et ne sont pas capables de justifier de l’acquisition de certaines compétences, un facteur déterminant dans la réussite sur le marché du travail. Le décrochage scolaire parmi les hommes NEET est essentiellement dû au manque d’intérêt pour la scolarité tandis que pour les femmes NEET, le manque de moyens pour financer les études est un facteur plus important menant au décrochage. Depuis la fin de la scolarité ou le décrochage, alors que plus de la moitié des hommes ont des emplois temporaires, environ une femme sur trois reste inactive ou s’engage dans des projets familiaux.
L’enquête montre l’importance cruciale de prendre des mesures de prévention visant à lutter contre l’échec scolaire et l’abandon scolaire précoce pour éviter le désengagement des jeunes et leur éloignement du système scolaire et de la vie active. La mise en place de programmes pour réengager et réorienter les jeunes qui quittent le système scolaire est également très importante, mais les données révèlent un manque de suivi des jeunes décrocheurs: moins d’un décrocheur sur dix a été contacté en vue d’une réintégration scolaire.
L’analyse de la situation des NEET sur le marché du travail montre aussi que deux tiers d’entre eux sont activement à la recherche d’un emploi, mais que cette recherche est peu efficace. En effet, leurs difficultés à trouver un emploi sont illustrées par la durée de chômage et le taux élevé de primo-demandeurs d’emploi: plus de la moitié des NEET chômeurs sont dans la situation NEET depuis plus de deux ans, et la moitié des NEET au chômage sont à la recherche de leur premier emploi.
Les NEET restants se trouvent dans une situation d’inactivité, qui concerne surtout les femmes. Parmi les inactifs, les raisons de ne pas chercher du travail sont variées, allant de l’obligation de rester au foyer pour les femmes à l’intention d’émigrer pour les hommes. Les résultats montrent la nécessité de renforcer les services d’accompagnement à la transition entre la fin de la scolarité et le travail. Les périodes prolongées de désengagement du marché du travail et/ou l’abandon peuvent avoir de fortes répercussions sur les perspectives d’emploi et de revenus. Pourtant, les contacts entre les NEET et les structures d’insertion ou d’appui sont très rares. À part à Gafsa, moins d’un NEET sur cinq a participé à une formation professionnelle ou à un stage et seulement un NEET sur cinq est inscrit à l’ANETI en tant que demandeur d’emploi.
La crainte de ne pas avoir les qualifications nécessaires est l’un des principaux freins qui empêchent les NEET inactifs ne cherchant pas de travail d’engager des démarches de recherche d’emploi. Ce manque de confiance en leurs propres compétences montre le fort besoin d’assistance psychologique des NEET, mais aussi l’urgence de mieux adapter les cursus scolaires aux profils recherchés par les entreprises tunisiennes et de revaloriser le système d’éducation et formation professionnelle.
Les femmes ont plus tendance à se trouver dans une situation d’inactivité que les hommes, même si elles sont plus instruites. Les trois quarts des femmes inactives sont dans cette situation depuis deux ans et plus, même si plus de la moitié d’entre elles souhaiteraient travailler. La garde de personnes dépendantes ou d’enfants et les tâches ménagères sont les principaux freins qui entravent, dans une forte proportion, leur recherche d’emploi.
B.B.R.