- L’économie tunisienne ne pourra plus supporter de mesures arbitraires et non étudiées et nous avons besoin de concevoir un modèle économique
- Si cette taxe est payée, c’est au détriment du financement de l’investissement privé et des crédits accordés aux PME et aux grandes entreprises
TUNIS – UNIVERSNEWS – Dans une déclaration, ce jeudi 2 novembre 2023 à Universnews, Ghazi Boulila, économiste et membre du conseil d’administration de la BCT a déclaré que l’instauration d’une nouvelle taxe de 4% sur les banques, les établissements financiers et les compagnies d’assurances et de réassurances, telle que mentionnée dans le cadre du projet de loi de finances 2024 (PLF 2024), risque d’impacter négativement l’investissement privé et le financement des crédits accordés aux petites et moyennes entreprises et même aux grandes sociétés privées.
A ce propos il a recommandé de faire une étude bien ficelée sur les conséquences de chaque action et chaque mesure: «Quel est l’impact de cette nouvelle taxe sur les banques et sur l’économie en général et que devrait générer comme recettes au profit des caisses de l’Etat? L’économie tunisienne ne pourra plus supporter de mesures arbitraires et non étudiées. Nous avons besoin de concevoir un modèle économique basé sur les conséquences de cette nouvelle taxe tout en faisant appel à l’avis des banques, de la BCT et du ministère des Finances», a-t-il dit.
Selon ses déclarations, cette nouvelle taxe aura certainement un effet négatif sur la liquidité des banques qui, eux-mêmes, deviendront de plus en plus réticents par rapport au financement des crédits accordés aux PME et aux grandes entreprises et du coup sur l’investissement privé et le financement de l’économie.
Ghazi Boulila a, en outre, indiqué que la situation financière des banques et des établissements financiers publics ou privés n’est pas la même, certaines font de bénéfices importants alors que d’autres sont en stagnation ou en situation déficitaire et, du coup, si elles vont payer cette taxe c’est au détriment du financement de l’investissement privé et des crédits accordés aux PME et aux grandes entreprises, selon ses dires.
Afin de soutenir les efforts de l’État dans le financement du budget de l’État, le projet de la loi de finances 2024 a proposé de soumettre les banques et les établissements financiers y compris les compagnies d’assurances et de réassurances à une contribution conjoncturelle de 4% sur leurs bénéfices imposables avec un minimum de 10.000 dinars. Cette mesure entrera en vigueur en 2024 et se poursuivra ainsi pour l’année 2025.
Outre cette nouvelle taxe de 4%, le gouvernement prévoit, afin de mobiliser des liquidités à la trésorerie de l’Etat, des mesures régissant l’opération du transfert provisoire des fonds gelés auprès des banques à la trésorerie de l’Etat. Le PLF 2024 impose ainsi aux banques l’obligation de déclarer les montants gelés appartenant à des ressortissants tunisiens, ainsi qu’à des organisations et entités conformes à la législation tunisienne, qui sont soumis à des décisions de gel en vigueur.
B.B.R.