TUNIS – UNIVERSNEWS Raouf El Kateb, l’un des précurseurs du tourisme tunisien vient de quitter, aujourd’hui, jeudi 9 novembre 2023, la scène touristique et agricole à l’âge de 84 ans. Paix à son âme !!! A force de persévérance et de savoir-faire, il s’est bâti un empire, dans le domaine.
Né dans l’île de Djerba en 1939, d’une famille modeste, Raouf El Kateb bénéficie d’une bourse qui lui permet de suivre le cycle de trois ans de l’École hôtelière de Paris (EHP). Il emploie son temps libre à effectuer des extras, envoie de l’argent à sa famille, ce qui est peu banal dans cette école où les élèves sont souvent des fils et filles de familles aisées. Sa scolarité est une grande expérience, un véritable déclencheur : la découverte du métier d’hôtelier est pour lui une seconde naissance. Raouf El Kateb a trouvé sa vocation. Il sait de quoi il parle, mais se garde bien de donner des leçons. Raouf a montré la voie. Il a été un exemple, un modèle pour des entrepreneurs à la mode tunisienne.
Raouf El Kateb et l’un des quelques grands professionnels du tourisme, compétitifs au plan international, a émergé dans ce pays, en proposant des équipements dont la qualité est le trait dominant.
Doté d’une incroyable énergie, Raouf El Kateb entre dans la profession par la petite porte, mais dans son propre pays, ce qui sera pour lui la ligne directrice de toute sa trajectoire professionnelle. L’Office national de tourisme tunisien (ONTT) lui propose de rejoindre la chaîne Hilton aux États-Unis pour perfectionner ses connaissances dans le domaine de la gestion. Raouf choisit une autre voie et travaille au Tunisia Palace à Tunis, établissement aujourd’hui disparu, comme serveur. Il se fait très vite remarquer, et quelques mois plus tard, il devient assistant de direction à l’hôtel Les Palmiers à Monastir. Là, il va déployer une puissance de travail incroyable.
Raouf El Kateb s’était enrichi de sa double expérience de ‘constructeur’ et de directeur d’hôtel. Il a tellement donné pendant toutes ces années que la prise de conscience devient évidente : cette énorme capacité de travail doit être mise à sa disposition. Pour ses propres affaires.
A 40 ans, il va donner la pleine mesure à son tempérament d’entrepreneur. Son image est celle d’un homme courageux, intègre, autoritaire, mais surtout d’un professionnel d’exception qui sait entraîner ses troupes et mettre la main à la pâte.
Pour créer une animation complémentaire, Raouf El Kateb ouvre un chapiteau, le restaurant Shaka (420 places), où se produit une troupe de danseurs zoulous. La qualité du lieu est remarquable et se compare au zoo de La Palmyre, en Charente-Maritime, avec qui un partenariat est développé.
Affirmant qu’il manque au moins 6 golfs dans la région pour développer une réelle activité en basse saison, il participe à la création du golf Citrus situé à quelques kilomètres d’Hammamet.
Ses trois enfants Skander, Mohtadi et Aziza dirigent aujourd’hui les établissements.
Raouf El Kateb entre, par la suite, dans le domaine de l’agriculture. Il loue plus de 200 hectares à Grombalia, toujours à côté d’Hammamet.
Clémentiniers, mandariniers, orangers, oliviers, sont gérés de main de maître… et Raouf rêve désormais de s’installer au milieu des arbres. Il va cesser ses activités d’hôtelier cette année, comme prévu. Il a tout donné à son métier et se sent prêt à passer à autre chose. Mais le degré d’exigence de l’homme est tel qu’il parle avec passion de la façon dont le tourisme s’est développé en Tunisie, dont les professionnels se sont organisés, de l’absence de professionnalisme chez certains hôteliers. La critique est argumentée.