- Intercepté à sa sortie de l’aéroport Tunis-Carthage par 12 personnes en civil, sa « disparition » suscite l’inquiétude du Bureau de l’ONU à Tunis
Nous avons appris de source digne de foi que Moncef Kartas, haut fonctionnaire chargé par le secrétaire général de l’ONU en tant que procureur enquêteur auprès du Conseil de sécurité des Nations unies a été arrêté, dans la soirée d’hier mardi 26 mars 2019, à sa sortie de l’aéroport international Tunis-Carthage.
Pourtant, chargé d’enquêter sur les passages illégaux d’armes entre la Tunisie et la Libye, cet expert tunisien, muni d’un passeport diplomatique, a été appréhendé par une douzaine de personnes en tenue civile et qui se présentaient comme étant des agents des services de sécurité. Et après avoir été conduit à El Aouina, il a été transféré à la Brigade d’El Gorjani.
Ce grave incident a amené le Bureau de l’ONU en Tunisie d’adresser au ministère tunisien des Affaires étrangères une note verbale en date d’aujourd’hui 27 mars 2019 dans laquelle on lit notamment ce qui suit :
« …un membre du Panel des Experts des Nations Unies pour la Libye (Résolution du Conseil de sécurité n° 1973/2011) du nom de monsieur MONCEF KARTAS qui reste introuvable en Tunisie.
En effet, le 26 mars 2019 vers 18 heures, Moncef Kartas est arrivé à bord du vol Alitalia (AZ 886) en provenance de Rome. Il a été vu pour la dernière fois à l’aéroport de Tunis-Carthage vers 18h30 à sa sortie de l’aéroport où il aurait été intercepté par un groupe de personnes composé d’environ 12 hommes en civil qui se seraient identifiés comme membres des forces de sécurité tunisienne avant de l’embarquer vers une destination jusque-là inconnue des Nations Unies.
Le Bureau du Coordonnateur Résident souhaiterait solliciter l’appui du ministère des Affaires étrangères pour aider à localiser Monsieur KARTAS, connaître les raisons de son arrestation et avoir des informations sur son état de santé… ».
En l’absence de toute information officielle, on n’est réduit aux hypothèses et suppositions, d’où l’espoir que les autorités tunisiennes diffusent les informations et les données exactes de cette affaire avec un minimum d’éclaircissements sur le pourquoi d’une pareille conduite afin de lever toute équivoque, surtout qu’il s’agit d’un haut cadre du staff rapproché du secrétaire général de l’ONU.
En attendant les précisions nécessaires, il est à espérer qu’il n’y ait pas eu de bavure qui serait malvenue en ces circonstances où la Tunisie accueille les participants au Sommet arabe.
A noter qu’en procédant à une simple recherche sur Google, on trouve que Moncef Kartas est chercheur affilié à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève. Il est titulaire d’un doctorat en relations internationales et d’une maîtrise en sciences politiques, en philosophie et en droit international de l’Université de Munich.
Depuis juin 2016, le secrétaire général de l’ONU a nommé Moncef Kartas au groupe d’experts de l’ONU sur la Libye, créé par la résolution 1973 (2011) du Conseil de sécurité des Nations unies. Au sein du Groupe, Moncef est chargé de surveiller et d’enquêter sur les violations de l’embargo sur les armes.
En tant que spécialiste de la gouvernance dans le secteur de la sécurité, Moncef conseille et forme régulièrement des organisations internationales, des agences nationales et des organisations de la société civile en matière de planification stratégique et d’engagement communautaire en matière de maintien de l’ordre, de gestion des frontières et de lutte contre l’extrémisme violent.
Noureddine H