- Chaque Tunisien consomme 35 kg de sucre, la norme est de 15 Kg à l’échelle mondiale!!!
- L’importation du sucre par l’OCT engendre une perte annuelle entre 150 et 400 millions de dinars, comme si la Tunisie subventionne l’agriculteur étranger
- La production nationale n’arrive même pas à couvrir 5% de la consommation locale alors que 95% du sucre consommé en Tunisie est importé
- Une bonne partie du sucre destiné à l’usage domestique est détourné pour le secteur industriel
TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF) – La société tunisienne de sucre (STS) de Béja est l’une des sociétés industrielles les plus anciennes de la région. Depuis sa création en 1961, elle couvre plus de 50% des quantités nécessaires à la consommation nationale. Le reste, soit la moitié est fournie par l’usine de sucre GINOR de Sidi El Béchir (Gouvernorat de Jendouba) ou par l’importation directe de sucre blanc (raffiné).
Plus de 280 salariés risquent le chômage !
Bien qu’elle figure parmi les pourvoyeurs d’emplois les plus importants, la Sucrerie de Béja fait face aujourd’hui à des difficultés financières énormes et des crises de liquidités successives, suite à un cumul de dettes de près de 8 ans. La société risque une cessation définitive de ses activités et la mise à la porte plus de 280 salariés. Elle est en désaccord avec l’Office du Commerce de Tunisie (OCT) pour le non-paiement de ses dus. De temps en temps, elle annonce des fermetures pour des travaux d’entretien, s’étalant parfois jusqu’à deux mois. Mais, on comprend, clairement, là qu’il s’agit d’un arrêt provisoire sous la couverte de travaux d’entretien. Une entreprise quelle que soit son domaine d’activités et indépendamment de sa situation financière ne peut pas engager des travaux d’entretien de deux mois, dans un contexte marqué par un manque flagrant de sucre.
La Sucrerie de Béja pourrait raffiner, actuellement, 180 mille de tonnes par an, soit 50% de la consommation annuelle nationale. Le reste, soit 50% est importé de l’extérieur par l’OCT, le seul et unique établissement public qui détient le monopole de l’importation et de la distribution non seulement du sucre mais également du café, du riz et du thé. Cela veut dire que la monopolisation n’est pas la cause principale de cette pénurie de sucre, mais plutôt l’écart entre le prix d’achat et le prix de vente sur le marché local qui est à l’origine du manque de ces produits.
L’importation du sucre par l’OCT engendre une perte annuelle entre 150 et 400 millions de dinars, cette perte c’est comme si la Tunisie subventionne l’agriculteur étranger alors qu’une partie de cette perte doit être orienté vers la subvention de l’agriculteur Tunisien pour l’encourager à produire localement le besoin de la Tunisie en sucre.
Il est à souligner également que la pénurie du sucre provient essentiellement du fait que la production nationale n’arrive même pas à couvrir 3% de la consommation locale et que 97% du sucre consommé en Tunisie est importé soit sous forme de sucre roux à raffiner localement ou sucre blanc raffiné.
Des pertes colossales
De plus, le sucre n’est pas utilisé uniquement par les ménages et il est vendu à des prix subventionnés tant pour le consommateur que les industriels. Le sucre à usage domestique est commercialisé aujourd’hui à 1.400 dinars le kilo (1520 dinars le sucre emballé) Il s’agit des prix les plus bas dans le monde, alors que celui à usage industriel ou professionnel est commercialisé à 2900 dinars. Une bonne partie du sucre destiné à l’usage domestique est détourné pour l’usage industriel.
Aujourd’hui, suite à la dégringolade de la production, l’OCT importe du sucre raffiné, surtout de l’Algérie, du Brésil et de l’Inde, et du sucre brut de canne destiné au raffinage dans la sucrerie de Béja (STS) mais à des prix largement supérieurs à ceux pratiqués sur le marché local, ce qui est à l’origine de pertes colossales.
Les pertes provenant de l’importation du sucre s’élèvent cette année à plus de 160 millions de dinars contre 400 millions de dinars auparavant c’est-à-dire d’avant l’annonce de l’augmentation des prix de vente pour les industriels. En effet, en novembre dernier, le ministère du Commerce a pris la décision d’augmenter les prix de vente du sucre pour les industriels et le porter de 1900 à 2900 dinars. Mais, il faut signaler qu’en dépit de cette augmentation, la situation est encore loin d’être maitrisée par l’OCT.
Une mauvaise tarification
Les pertes supportées par l’OCT proviennent essentiellement des prix de vente du kilo de sucre aux ménages. Cela veut dire que l’affaire n’est pas celle du monopole puisque c’est l’OCT qui le détient. C’est plutôt le système de tarification et c’est parce qu’on vend avec prix réduits par rapport au coût d’importation et c’est pour cela que la pénurie touche les quatre produits exclusivement commercialisés par l’Office du commerce, à savoir le sucre, le riz, le café et le thé.
L’application de ces tarifs emmènera tôt ou tard l’OCT vers la crise. « De plus, a-t-elle dit, lorsqu’une société devient déficitaire, elle sera abandonnée par les banques.
Outre la tarification, il faut citer les changements climatiques qui ont impacté la production du sucre dans plusieurs pays comme l’Europe (sécheresse) et l’inde (inondations). Face à ces problématiques, certains pays ont même suspendu l’exportation pour pouvoir protéger leurs stocks et satisfaire la demande en local.
Mais pour le cas de la Tunisie, le problème est qu’on vend le sucre à des tarifs très réduits par rapport au coût d’importation alors qu’on aurait dû vendre à prix égal ou supérieur, surtout que le stock du sucre est épuisé depuis l’année 2022.
Force est de constater qu’aujourd’hui, chaque Tunisien consomme en moyenne 35 kg de sucre par an, alors que la moyenne dans le monde est de 25 kg par personne. Dans le site officiel de l’OMS la recommandation de la consommation journalière de sucre et de 25g par jour et par personne soit un peu plus de 9 kg par an et par personne et la limite maximale de la consommation est de 50 g de sucre par personne et par jour soit 18.2 kg par personne et par an.
Cela veut dire qu’en Tunisie, on consomme plus que le double. Lorsque la Tunisie vend moins cher, elle encourage la consommation du sucre bien qu’il est à l’origine de plusieurs maladies. Le prix de vente du sucre en Tunisie est le moins cher dans le monde. La plupart des pays dans le monde vendent le sucre à 1,5 dollars.