Le livre tunisien a fait l’objet d’une Foire nationale qui s’est tenue du 19 au 28 octobre 2018, à la Cité de la culture. Cette première édition a été organisée par le ministère de la Culture, sur proposition de l’Union des Editeurs Tunisien. L’universitaire, écrivain, traducteur et homme des médias Mansour M’Henni a été nommé à sa direction générale. Cette édition inaugurale s’est déroulée sous le slogan « Le livre tunisien nous réunit », avec pour principal objectif de réconcilier le Tunisien avec le livre et la lecture. Car depuis des décennies tout le monde se plaignait d’une sorte de rupture avec le livre comme outil de connaissance et comme produit commercialement rentable.
Fossé
Les raisons de ce fossé entre le lecteur et le livre seraient multiples : la flambée des prix du livre, l’industrie du livre qui est ressentie comme un fardeau pour les investisseurs en édition, et les problèmes de la diffusion, qui reste un vrai talon d’Achille du secteur. En plus, l’accès facile et commode aux livres numériques semble annoncer un quasi-abandon des livres en papier.
Cependant, après la première édition de la Foire Nationale du Livre Tunisien, force est de constater que ce dernier n’a pas perdu l’intérêt que lui portait le citoyen tunisien. En effet, 75 maisons d’édition tunisiennes ont marqué leur présence dans 57 stands, avec 45 mille titres, exposés à la vente avec une réduction entre 20 et 50% sur le prix réel, à l’intention des visiteurs venus nombreux et de toutes les tranches d’âge et de toutes catégories sociales (On estime le nombre de visiteurs à plus de 100 mille). A ce propos, le président de l’Union des Editeurs Tunisiens (partenaire du ministère des Affaires Culturelles dans l’organisation de la foire), Mohamed Salah Maalej, directeur exécutif de la foire aussi, a exprimé sa grande satisfaction et celle de ses confrères quant à l’organisation et aux ventes réalisées, malgré quelques lacunes, inévitables dans une première session et réparables à l’avenir.
Une logique interactive
Mais la Foire Nationale du Livre Tunisien ne se veut pas un simple espace commercial, malgré l’importance accordée au marché du livre. Elle s’inscrit plutôt dans une politique culturelle globale où les différents secteurs culturels interagissent et contribuent ensemble à la promotion et au rayonnement de la culture tunisienne, ainsi qu’au développement de la sensibilité et de l’intelligence citoyenne, en rapport à la conscience patriotique. C’est pour cela que nous insistons sur Foire Nationale, souligne M. M’henni, le Directeur général de la Foire. De là le riche programme culturel ayant meublé tout le temps de la foire : 9 colloques et autant de Salons du livre (Un de chaque tous les jours), des activités complémentaires assurées par les pôles artistiques de la Cité de la culture, des séances de dédicaces en coordination avec les éditeurs. L’édition s’est caractérisée également par une étroite collaboration avec le tissu associatif. C’est ainsi que l’Association pour la Culture et les Arts Méditerranéens a organisé son 8ème Symposium des Expressions Culturelles et Artistiques de la Méditerranéité autour de la question « Quel(s) printemps pour la Méditerranée ? », du 19 au 21 octobre 2018 dans la salle des réunions de l’Itrat (Institut de Traduction de Tunis), et que l’association « Questions et Concepts d’Avenir » a organisé « Une Nuit de la Méditerranée », le 20 octobre 2018 en partenariat avec La Cinémathèque du CNCI et avec l’Itrat.
Pour une médiatisation plus percutante
Plus d’une centaine de personnalités culturelles, intellectuelles, artistiques et médiatiques ont pris part à ces activités culturelles et ces rencontres littéraires autour des livres, surtout ceux de publication récente. Quatre écrivains de longue date (deux hommes et deux femmes) ont été honorés, à l’ouverture de la foire, par le ministre des Affaires Culturelles, Mohamed Zinelabidine qui n’a pas hésité à lancer la promesse de donner à cette foire des prolongements régionaux dans la même logique interactive de sa politique culturelle entre la Cité de la culte de Tunis et les cités du livre et des arts dans les différentes régions.
Quatre prix ont été décernés la veille de la clôture de la foire, chacun de la valeur de 10 mille dinars, consacrés aux livres pour enfant, de création, de pensée et au livre tunisien traduit.
Il serait prétentieux de croire que cette édition était parfaite : certains exposants ne sont pas contents (rares, il est vrai), le public n’a pas été nombreux dans les colloques (mais c’est un fait général, dans l’air du temps). La campagne médiatique serait insuffisante pour certains, en raison du temps trop court dont disposaient les organisateurs ! Pourtant les médias publics et privés étaient presque tous au rendez-vous. Reste le grief principal, celui de la date qui devrait coïncider avec les vacances scolaires. A ce propos, M. M’henni précise que pour cette année, la date a été imposée par des engagements des éditeurs à l’extérieur du pays et que dorénavant, l’articulation de la foire aux vacances sera sans doute observée.
Pour tout dire, la Foire Nationale du Livre Tunisien est une initiative heureuse et une réalisation importante, non seulement pour le livre tunisien, qui en avait vraiment besoin, mais aussi pour tout le secteur de la culture en Tunisie et pour cet important édifice qu’est la Cité de la culture qui gagnerait à s’allier à cette foire dans la communauté de leur destin partagé.
N.C