TUNIS – UNIVERSNEWS Pour la première fois depuis son adhésion au Fonds Monétaire International (FMI) en 1958, la Tunisie figure sur la liste négative aux côtés de pays tels que le Venezuela, le Yémen, la Biélorussie, le Tchad, Haïti, ou encore Myanmar. Dans cette liste se trouve les pays dont la conclusion d’un accord au titre des consultations en vertu de l’article IV a pris des retards dépassant 18 mois, en plus du délai normal de 15 mois.
Il s’agit certes d’une mauvaise nouvelle qui aura un impact négatif sur la Tunisie surtout de la part des bailleurs de fonds et les pays qui avaient manifesté une disposition à soutenir la Tunisie puisqu’ils peuvent exiger la conclusion d’un accord au titre de ces consultations. Espérant aussi que l’Etat tunisien pourra rectifier le tir surtout que la liste négative sera régulièrement actualisée tous les six mois. Nous devons toutefois signaler qu’avant le classement de la Tunisie sur la liste négative, une correspondance aurait été envoyée par le FMI au Gouverneur de la BCT, appelant la Tunisie de se conformer à l’obligation de consultation, en vain.
Sur le déroulement de l’opération, il est à souligner que les consultations au titre de l’article IV s’organisent collaboration entre le FMI et le pays concerné. Une équipe du FMI séjourne dans le pays pendant une période bien précise qui pourra aller jusqu’à trois semaines et mène des discussions avec les représentants du gouvernement, mais aussi avec ceux du secteur privé, des syndicats et des organisations non gouvernementales ou universitaires.
Cette visite devrait permettre l’équipe du FMI de collecter le maximum de données afin de pouvoir comprendre la situation économique du pays et d’évaluer les perspectives et vulnérabilités à court et moyen termes. À la fin de cette période, la mission prépare un rapport préliminaire sur les principales conclusions préliminaires et les recommandations. Après avoir discuté ce rapport au sein du conseil d’administration, un résumé des délibérations et le rapport lui-même seront rendus publics.
Le dernier rapport au titre de l’article IV a été publié le 26 février 2021. Dans ce rapport, le FMI avait souligné la nécessaire de réduire la masse salariale et de limiter les subventions énergétiques, tout en accordant la priorité aux dépenses de santé et à l’investissement, ainsi qu’en protégeant les dépenses sociales ciblées. Le rapport a aussi noté que la dette publique de la Tunisie deviendrait insoutenable à moins que ne soit adopté un programme de réforme solide, crédible et bénéficiant d’un soutien étendu, avant d’appeler à rendre la fiscalité plus équitable et favorable à la croissance, et encouragent à prendre des mesures pour apurer les arriérés qui ont été accumulés dans le système de sécurité sociale.
Le FMI a en outre recommandé d’opérer des réformes d’ample portée dans les entreprises publiques afin de réduire les passifs éventuels.
Les administrateurs du FMI ont encouragé les autorités tunisiennes à adopter un plan visant à réduire les risques budgétaires et financiers des entreprises publiques, à renforcer la gouvernance d’entreprise et à améliorer l’information financière et la transparence.
Toujours selon les recommandations du rapport du FMI, la Tunisie doit avoir pour souci primordial l’inflation, en agissant sur les taux d’intérêt à court terme, tout en préservant la flexibilité du taux de change. Ainsi, il faut éviter le financement monétaire du budget. Les administrateurs conseillent aux autorités de mettre en œuvre la feuille de route devant mener au ciblage de l’inflation, et à établir un plan graduel et assorti de conditions pour la libéralisation du compte de capital, tout en surveillant de près la solidité du secteur financier.