TUNIS – UNIVERSNEWS Le Directeur général de la Bourse de Tunis, Bilel Sahnoun a annoncé qu’il y a une belle expérience en Tunisie qui mérite d’être méditée et dupliquée, celle du lancement du programme SUNREF au profit de 4 banques tunisiennes.
Rencontré en margé d’un séminaire organisé, lundi 4 Mars, par la Caisse des dépôts et des consignations (CDC), Bilel Sahnoun a indiqué dans une interview à UNIVERSNEWS, qu’il s’agit d’un fonds de 60 Millions d’euros financé par l’Agence Française du Développement (AFD) pour soutenir la transformation énergétique en Tunisie, soulignant toutefois que le plus important est le savoir-faire qui a été acquis pour financer des projets verts en Tunisie : « les banques tunisiennes n’ont qu’à appliquer ce qu’elles ont appris dans le cadre de ce projet afin de pouvoir émettre des emprunts verts et les transformer par la suite en investissements voire en crédits destinés à des investissements responsables (…)
Aujourd’hui, on attend le premier qui va se lancer et les autres vont certainement suivre (…) c’est ce premier qu’on est en train de chercher», a-t-il précisé.
Le DG de la Bourse n’a pas manqué d’estimer que l’intérêt pour les émissions vertes demeure très minime voire absent et ce malgré le développement du cadre réglementaire pour ce type d’émissions, citant ce projet de la Caisse des dépôts et des Consignations (CDC) qui se prépare d’ailleurs pour une éventuelle émission d’obligations vertes de pas moins de 100 Millions d’euros. De même, a-t-il rappelé, la Bourse de Tunis, avait déjà lancé un guide du Reporting environnemental, social et de gouvernance au profit des entreprises cotées.
Des risques sur trois secteurs
Bilel Sahnoun a fait remarquer en revanche que cet investissement vert bien qu’il s’impose, représente des risques et des opportunités, des risques parce que cette directive européenne portant sur la décarbonation de l’économie qui entrera en application en 2026 va créer une contrainte pour trois branches d’activités. Le premier secteur est la chimie, les produits et engrais phosphatés. Le deuxième est l’acier et tout ce qui est lié à cette industrie à savoir l’électrique, le mécanique et surtout les composants automobiles. La troisième branche d’activités est le ciment. Selon lui, il s’agit de trois secteurs sur lesquels la Tunisie est très active et entretien des partenariats solides à l’échelle internationale notamment avec l’UE.
Selon lui, cette directive européenne se présente aussi comme une opportunité dans la mesure où la Tunisie n’est pas la seule concernée : « Tous les pays concurrents à la Tunisie sont soumis à la même contrainte sauf que nous, en Tunisie, nous avons plusieurs avantages ; la qualité de nos ressources humaines, l’abondance des énergies renouvelables et surtout la proximité qui fait que la composante logistique de l’export de la Tunisie vers l’Europe sera moins pénalisée par rapport à d’autres destinations plus lointaines, lesquelles vont avoir un impact carbone très important sur les produits exportés des pays lointains », a-t-il encore précisé. Et de souligner que de façon générale, le continent africain est le moins pollueur par rapport au continent asiatique.
Selon lui, cette directive européenne se présente aussi comme une opportunité pour nos acteurs économiques qui sont appelés de plus en plus, à faire la promotion du made-in-Tunisia sous cet angle que nous ne sommes pas pollueurs et que nous sommes respectueux des exigences environnementales probablement plus que les pays réceptionneurs de nos produits et services, selon ses dires.
Démarrage de l’accompagnement de 15 entreprises cotées
Par rapport à son rôle dans la promotion de cette économie verte, Bilel Sahnoun a souligné que la Bourse de Tunis joue un rôle très important en la matière, tout d’abord par l’encadrement des émissions vertes et ensuite par l’appui aux entreprises cotées pour qu’elles améliorent leurs communications financières en termes de reporting environnemental, social et de gouvernance.
Il a annoncé à cet égard, le démarrage, depuis deux semaines, d’un programme d’accompagnement de 15 entreprises cotées pour améliorer leur Reporting ESG et la divulgation de l’information financière. Cela fait l’objet d’un premier accord qui s’étalera sur 12 mois et qui peut concerner d’autres entreprises.
Le DG de la Bourse a tenu toutefois à préciser que ce programme ne concerne pas uniquement les entreprises cotées en bourse puisqu’il pourra dans une autre étape concerner les entreprises publiques ou les entreprises de grande taille non cotées. Ce programme permettra, selon lui, de créer une base d’entreprises qui vont pouvoir tirer profit pour devenir une entreprise verte.