TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF) – Réuni, vendredi, le Conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT) a décidé de maintenir le taux directeur de la BCT inchangé à 8%.
Le Conseil considère qu’il est primordial, pour le moment, de continuer à consolider le processus désinflationniste ainsi que la résilience du taux de change du dinar vis-à-vis des principales devises, précise la BCT dans un communiqué.
Le Conseil note qu’en dépit de l’estompement des effets induits par les chocs externes, l’inflation continue à évoluer sur des paliers historiquement élevés et demeure encore soumise à des pressions d’origine interne.
Par conséquent, contenir les pressions provenant d’une hausse excessive de la demande, comparativement aux capacités de production du pays, constitue une condition sine qua non pour maintenir l’inflation sur une tendance baissière, au cours de la période à venir.
La Banque centrale a, en outre, fait savoir que les perspectives des prix à la consommation laissent présager une poursuite de la détente graduelle de l’inflation avec un taux qui se situerait au voisinage de 7%, en moyenne, en 2024 contre 9,3% en 2023.
Inflation: des risques haussiers
Toutefois, a-t-elle estimé, la trajectoire future de l’inflation demeure entourée de risques haussiers en relation, notamment, avec la remontée des prix internationaux sur fond de l’escalade des tensions géopolitiques, de l’aggravation du stress hydrique et d’une accentuation des pressions sur les finances publiques.
Sur un autre plan, le Conseil a noté qu’à la date du 21 mars courant, les réserves de change se sont établies à 23.365 MD (106 jours d’importation).
Selon la même source, au terme du mois de février 2024, les réserves de change se sont élevées à 23.039 MD (105 jours d’importation), en baisse par rapport à leur niveau de fin décembre 2023 (26.408 MD ou 120 jours d’importation), en raison, notamment, du remboursement de l’emprunt obligataire contracté sur le marché financier international pour une enveloppe de 850 millions d’euros.
Au niveau des prix à la consommation, la décélération graduelle du taux d’inflation s’est poursuivie au mois de février 2024.
Le taux d’inflation s’est, en effet, établi à 7,5% (en glissement annuel) contre 7,8% le mois précédent et 10,4% en février 2023, tout en restant bien au-dessus de sa moyenne de long terme.
Cette relative détente a été favorisée par le ralentissement de l’inflation sous-jacente « hors produits alimentaires frais et produits à prix administrés » (7,8% contre 8,3% en janvier 2024) et des prix des produits alimentaires frais (11% contre 13,8%).
En revanche, l’inflation des prix administrés s’est affermie, au mois de février 2024 (4,4% contre 3% le mois précédent), explique le Conseil de la BCT.
Amélioration de la croissance
Toujours à l’échelle nationale, la BCT a estimé que les derniers indicateurs conjoncturels disponibles font apparaitre une relative amélioration de la croissance du PIB au premier trimestre 2024.
En effet, l’activité économique a particulièrement bénéficié du redressement graduel de la dynamique observée au niveau du secteur agricole après une contraction historique de -11%, en 2023 ayant amputé la croissance économique annuelle de plus de 1 point de pourcentage.
En outre, le dynamisme des exportations de biens ainsi que des entrées touristiques, durant les deux premiers mois de 2024, sont de nature à booster la croissance.
Par ailleurs, les importations de biens d’équipement se sont également inscrites en hausse par rapport à l’année précédente.
En ce qui concerne le secteur extérieur, la BCT a indiqué que le solde des opérations courantes a affiché, en février 2024, une amélioration par rapport à la même période de l’année précédente.
En effet, le déficit courant s’est réduit à 163 MD (ou -0,1% du PIB) au terme des deux premiers mois de 2024, contre 797 MD (ou -0,5% du PIB) une année auparavant, lit-on de même source.
Cette performance porte la marque, notamment, de la réduction du déficit commercial (FOB-CAF) qui s’est situé à 1.784 MD contre 2.359 MD à fin février 2023.
Un déficit énergétique
Cependant, le Conseil de la BCT a exprimé sa préoccupation quant au creusement du déficit énergétique (1.823 MD à fin février 2024 contre 1.693 MD une année auparavant) essentiellement dû à la détérioration des capacités de production et au retard important accusé dans la mise en place des projets portant sur la transition énergétique.
Il a prévenu que cette situation risque d’affecter l’embellie du secteur extérieur, «dans un contexte géopolitique tendu, marqué par la résurgence des pressions sur les prix internationaux de l’énergie».
Sur le plan international, la BCT a noté que l’inflation a poursuivi sa détente progressive et quasi généralisée.
A ce propos, la Banque centrale a souligné que le processus visant un retour rapide de l’inflation vers les niveaux cibles des banques centrales continue à être entravé non seulement par la persistance de l’inflation sous-jacente, mesure de la tendance fondamentale des prix à la consommation, jugée à des niveaux encore élevés, mais aussi par l’estompement des effets de base favorables liés aux baisses antérieures des prix de l’énergie.
La résilience de la demande mondiale et le renforcement graduel des prix internationaux des matières premières, en particulier, devraient peser sur la trajectoire de l’inflation au cours de la période à venir.
C’est ainsi que lors des dernières réunions, les banques centrales, notamment des principales économies, ont estimé que les conditions du pivot (retournement dans l’orientation de la politique monétaire) ne sont pas encore réunies et demeurent fortement tributaires d’une convergence durable de l’inflation.