- Et le réseau « l’Observateur Kasserine » de Mohamed Hideya Bennani ?!
Après la montée dans les sondages de Nabil Karoui et du projet « aich Tounsi » les plaçant aux premières loges des intentions de votes, des voix se sont élevées dans un premier temps, pour accuser les instituts auteurs de ces études « de manœuvres orientées pour influer frauduleusement sur la décision des honnêtes citoyens ».
Mais, dans un deuxième temps, c’est le gouvernement qui est monté au créneau pour réclamer un amendement du code électoral de façon à interdire toute personne ou association agissant dans le domaine caritatif et de bienfaisant seront interdites de se porter candidats à la présidentielle ou aux législatives.
Il est vrai que l’intention desdits projets d’amendements est positive et logique dans le sens où il est contraire à toute éthique et à toute morale d’exploiter les actions de bienfaisance et la pauvreté des gens à des fins politiques et électoralistes.
Or, cette proposition d’amendement présente plusieurs lacunes. Tout d’abord, il est constitutionnellement interdit de procéder à des changement au code électoral au cours de la dernière année avant les élections. Et d’un !
Il est inadmissible de procéder à des amendements sur mesure dans la mesure où ces derniers visent deux parties bien déterminées à savoir Nabil Karoui et l’association « aich Tounsi » à un moment où le gouvernement qui, mise sur une victoire massive de son parti « Tahya Tounès », constate un « danger » envahissant de la part de ces deux formations venues chambarder tous les calculs dans une paysage partisan classique. Et de deux !
Autre constat, à la fois inattendu et curieux, est l’apparition de ce fameux de réseaux d’associations dénommé « Observateur Kasserine », dirigé par un certain Mohamed Hideya Bennani, et qui crie haut et fort, à travers plusieurs médias, notamment audio, qu’il dispose de 10 associations à Kasserine pour « soutenir le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et se positionner en tant force de proposition ».
Mohamed Hideya Bennani a indiqué, encore, que ces associations ont plusieurs filiales dans nombre de délégations à l’instar de Hidra, Majel Belabbes, Feriana et Sbeïtla. Et là, non plus, on ne sait comment ce « bouquet » d’associations a vu le jour, comment il est financé et par qui ? Et de trois !
Un coup d’œil sur le profil de jeune, apparemment BCBG, fait ressortir qu’il est un cadre diplômé de l’IHEC qui, après avoir roulé sa bosse dans des sociétés d’assurances huppées, se trouve actuellement comme « administrateur au ministère de l’Intérieur » !
Or, un cadre du ministère de l’Intérieur a-t-il le droit de faire de la politique et de constituer tout un réseau d’associations ? Qui lui a octroyé les autorisations nécessaires pour cela et de quel capital dispose t-il pour faire fonctionner son pool associatif ?
D’autre part, un autre coup d’œil sur les statuts, les posts et les échanges en commentaires font ressortir le recours à un vocabulaire à connotation religieuse. Il n’y a qu’à lire sa formulation des vœux pour la fin du mois de Ramadan et l’avènement de l’Aïd, pour s’apercevoir qu’il est loin des textes utilisés par les jeunes BCBG.
Il est tout naturel que ce jeune et « ses » associations sont au service du chef du gouvernement, dans le sens où il est clair et logique qu’il ne peut parler ainsi et s’afficher aussi publiquement aux côtés de Youssef Chahed sans avoir obtenu, officiellement ou tacitement, le feu vert préalable pour agir de la sorte.
Morale de l’histoire est que ce filon de l’action caritative par le biais des associations est l’apanage de la majorité des partis politiques, sachant qu’Ennahdha était et passe en tant que maître en la matière. Il l’a prouvé en 2011, en 2014 et continue à le prouver dans l’état actuel des choses, avec la multiplication des repas d’Iftar et autres dons de diverses natures dans les quartiers populaires du Grand Tunis et dans les différentes régions de l’intérieur de la Tunisie.
Tout ceci fait dire aux observateurs que le pouvoir en place privilégie la démarche des deux poids, deux mesures tout en s’entêtant à nier l’existence d’amalgame entre l’action gouvernementale officielle et les activités du parti Tahya Tounès, car qu’on le veuille ou non, il y a une certaine confusion dans l’esprit des citoyens, car toutes les annonces faites par le chef du gouvernement ou un des membres de l’équipe de La Kasbah qui sont dans leur majorité des « barons » de Tahya Tounès, – et les effets d’annonce deviennent curieusement nombreuses, voire quotidiennes ces derniers temps – peuvent être mises sur le compte du parti en question.
En tout état de cause, il est temps, voire urgent, que la situation soit clarifiée et que l’éthique et la morale soient respectées sans jouer sur les brèches de la Constitution et de certaines lois. Car des élections libres, démocratiques et transparentes, c’est cela aussi…
Noureddine HLAOUI