TUNIS – UNIVERSNEWS – A Kairouan, une ville pourtant réputée pour son pain, le citoyen peine à s’acheter son pain quotidiennement à cause de l’approvisionnement au compte-gouttes des boulangeries, en semoule et farine ; disent les professionnels.
Les boulangeries sont en effet et depuis plus d’une semaine, envahies par des consommateurs à la recherche d’un pain de 400 grammes, toujours vendu à 230 millimes –prix fixé par ‘El Hakem’-.
Différentes sortes de pain d’un kilogramme, de 200 grammes dont le pain complet, sont vendues à des prix, variant entre 700 millimes et 1,300 dinar. Des pains spéciaux, à l’huile d’olive aromatisées, dit-on. Cet empressement, qui a provoqué des ruées vers les boulangeries, nous rappelle le mois de Ramadhan, à quelques heures de la rupture du jeune et des jours et les nuits qui précèdent la fête de l’Aïd El Fitr.
D’autres consommateurs, impatients, se trouvent souvent obligés d’acquérir un pain plus pesant, et plus cher, celui du pain huilé et aromatisé ‘Sinia’ à 1300 millimes.
Dans les délégations d’Oueslatia et de Haffouz, les boulangeries continuent, malgré les problèmes d’approvisionnement en semoule et farine, auxquels elles font face, de fournir des quantités de pain limitées, obligeant les consommateurs à attendre l’arrivée des estafettes ou des camionnettes chargées de pain ‘sinia’ pétri par les mains des boulangers kairouanais à deux dinars l’unité. Et c’est à prendre ou à laisser.
Notons dans ce cadre, qu’un bon nombre de vendeuses de pain Tabouna, faute de produits céréaliers (semoule et farine) ont fermé leurs portes dans l’attente de jours meilleurs. Alors que dans les foyers, c’est grâce au four à gaz -Et au Tajine(Ghannay) notamment à la campagne- qu’on prépare le pain maison.
Une tradition à réanimer
Bon nombre de familles se mobilisent, ces derniers jours afin de préparer les provisions ’la Oula’ constituée de réserves alimentaires à base de céréales, complétées par des légumineuses et de ‘Cadid ’, pour les stocker dans des placards à provisions dans des pièces appelée -Bit El Mouna- il s’agit, d’une tradition ancestrale qui se transmet de mère en fille, encore en cours.
L’indisponibilité du couscous dans les magasins a secoué les familles, notamment celles ayant boudé, la préparation annuelle de la ’Oula’. Ces dernières ont décidé de ranimer cette tradition et suivre les traces de leurs aïeules, à partir de cet été :
« Je n’ai jamais acheté le couscous, ni la Mhamsa, ni les olives, ni les différentes variantes aux légumes de chez l’épicier. Chaque été, je prépare les provisions en denrées alimentaires pour m’en servir durant l’année», dit Saliha N., femme quinquagénaire au foyer.
«C’est une tradition héritée de ma mère, laquelle avait elle-même hérité de de sa grand-mère, et chaque ménage devrait avoir des réserves de denrées alimentaires notamment pour l’hiver et le mois de Ramadhan. Je continue de la pratiquer encore, en m’approvisionnant chaque année de céréales, d’huile d’olives, de légumes de saison, de variantes de légumes, d’eau de roses, d’eau de bigaradier. D’autres hélas, dont ceux qui rencontrent actuellement des problèmes pour se procurer du couscous refusent carrément de préparer ‘la Oula’ » Ajoute Selma B., retraitée de l’enseignement.
Quant à Chadli T. qui adore manger le couscous, depuis son enfance, il a décidé d’acheter cet été un sac de cinq décalitres de blé dur pour en faire, de la ‘bsissa’, du couscous et d’autres pates populaires pour les conserver, loin de l’humidité. «Il suffit d’acheter deux ou trois décalitres de blé, les nettoyer, les sécher au soleil, les moudre, avant de les transformer en couscous, en Mhames, en Bourghel …» dit-il.
Neji Khammari