A l’instar de la plupart des pays du monde, la Tunisie a été frappée de plein fouet par la pandémie du COVID-19. Même si son ampleur est modérée, en comparaison des pays voisins, ses retombées socio-économiques sont assez sérieuses et variables, au sein de la population.
Afin de mesurer ces impacts sur le quotidien des Tunisiens, l’Institut National de la Statistique (INS) a lancé en 2020, en collaboration avec la Banque Mondiale, une enquête menée par téléphone auprès de 1339 ménages.
Un relâchement général malgré la résurgence de la pandémie
Lors de la première vague, la quasi-totalité des répondants déclarait se laver souvent les mains et une large majorité respectait la distanciation sociale (80%) ainsi que l’utilisation des désinfectants (65%) et des masques (50%).
Malheureusement, après cinq mois, ces habitudes ont disparu : le lavage fréquent des mains a baissé à moins de 2%, le port des masques à5% et l’utilisation des désinfectants à 15%. D’un autre coté, à peine un quart des répondants continuaient de respecter les normes de distanciation.
Durant l’été, près de la moitié des ménages répondants se sont rendu dans les plages et/ou hôtels, et plus de 60% ont assisté à des évènements regroupant plus de trente personnes. Pire : deux tiers des répondants ont même déclaré que « la vie est redevenue normale ».
Interrogés début octobre, à l’émergence de la deuxième vague de l’épidémie, 70% des répondants plaçaient toutefois la gravité de la pandémie du Covid-19 entre 8 et 10 sur une échelle de 1 à 10.
Ils ont attribué la résurgence de l’épidémie à la décision de rouvrir les frontières (86%) ainsi qu’au non-respect par les citoyens des protocoles sanitaires (67%) et à l’absence de sanctions (53%).
Les impacts socio-économiques en Tunisie
Globalement, la situation financière des ménages semble s’être stabilisée depuis la sortie du confinement, avec toutefois, 44% d’entre eux déclarant, début octobre, que leurs finances se sont détériorées par rapport à avant la crise. Les indicateurs de solvabilité se sont même relativement améliorés.
Ainsi, la proportion de ceux se déclarant capables de mobiliser en urgence une somme d’au moins 200 dinars pour couvrir une dépense nécessaire et imprévue est passée de 55% début juin à 62% début octobre.
Ce sont les ménages les plus pauvres qui ont éprouvé plus de difficultés que les ménages aisés, avec 62% de ceux se situant au premier quintile déclarant ne pas pouvoir honorer tout ou une partie de leurs dépenses contraintes.
En termes d’éducation, la rentrée scolaire a été dominée par les craintes relatives à la propagation de l’épidémie. Ainsi, les deux tiers des répondants ont considéré que les mesures sanitaires prises en milieu scolaire étaient insuffisantes pour protéger les élèves et les enseignants et pensent que la priorité devrait se porter sur l’amélioration de l’infrastructure et des équipements dans les écoles.
Concernant le volet santé, 80% des ménages interrogés ont déclaré qu’au moins un des membres de la famille s’est rendu dans une structure de santé au cours du troisième trimestre. Ce qui ressort surtout de cette enquête, ce sont des reproches quant au manque de médicaments et d’équipements aussi bien dans le secteur public que privé.