- Syrte et Al-Joufra plus au sud, représentent une «ligne rouge» à ne pas franchir…
- Qui est plus légitime le Parlement de Tobrouk ou le GUN de Sarraj privé d’une confiance obligatoire de ce Parlement comme stipulé par l’accord de Skhirat ?!
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a prévenu, samedi 20 juin 2020, que toute avancée des forces du Gouvernement d’union nationale (GNA), soutenues par Ankara, vers la ville stratégique de Syrte, en Libye, pourrait faire déclencher une intervention «directe» de l’armée de l’Egypte, sur fond de tensions avec la Turquie.
Avec l’appui d’Ankara, les forces loyales au GNA –basé à Tripoli — ont engrangé d’importantes victoires depuis début juin, reprenant le contrôle de l’ensemble du nord-ouest de la Libye. Les troupes rivales du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est libyen soutenu entre autres par l’Egypte, n’ont pour leur part cessé de reculer ces dernières semaines, essuyant des revers sur le terrain qui ont signé l’échec de leur offensive sur Tripoli lancée en avril 2019.
Les forces du GNA restent néanmoins freinées dans leur avancée vers la ville côtière de Syrte, verrou stratégique vers l’Est et sous contrôle des troupes du maréchal Haftar. Ville natale du défunt chef de la Jamahiriya, Mouammar Kadhafi –lâchement assassiné en 2011–, Syrte, ainsi qu’Al-Joufra plus au sud, représentent une «ligne rouge», a averti Abdelfattah al-Sissi, lors d’un discours retransmis à la télévision.
«Intervention directe»
Si cette ligne est franchie, la sécurité de l’Egypte, qui partage une frontière poreuse avec la Libye, nécessitera, alors, une «intervention directe» des forces égyptiennes dans le pays, a-t-il déclaré. «Toute intervention directe de l’Egypte est devenue légitime au niveau international, que ce soit au regard de la charte de l’ONU sur la légitime défense ou qu’elle se base sur la seule autorité légitime élue par le peuple libyen: le Parlement libyen» basé dans l’Est, a affirmé Abdelfattah al-Sissi. «Si le peuple libyen nous demande d’intervenir, c’est un signal envoyé au monde que l’Egypte et la Libye partagent (…) des intérêts communs, la sécurité et la stabilité», a-t-il ajouté.
Ainsi, le président égyptien use du même argument d’Ankara qui brandit la « légitimité de son intervention directe en Libye suite à une demande du gouvernement controversé de Sarraj, sans le sens où le Parlement libyen basé à Tobrouk est, logiquement, plus « légitime que le gouvernement de Tripoli qui, conformément à ce qui est stipulé par l’ONU et par l’accord de Skhirat, doit obligatoirement solliciter et obtenir la confiance de ce Parlement qui le lui a déjà refusé.
Ainsi, la légalité se trouve du côté du Parlement ou alors nulle part, d’où la nécessité pour les différentes parties prenantes libyenne de s’asseoir, de nouveau à la table et renégocier une issue politique, pacifique et loin de toute ingérence étrangère et sans aucune présence de mercenaires étrangers, plus précisément les terroristes ramenés par les Turcs de Syrie.
Et maintenant que l’Egypte est décidée d’intervenir si les Turcs ne s’en vont pas la donne va ment changer dans le sens où toute défaite étant, logiquement, « interdite » aussi bien pour Ankara que pour Le Caire, l’on devrait s’acheminer, in fine, vers une nouvelle conférence internationale pour imposer un règlement libyo-libyen. Mais on n’en est pas encore à ce stade et, d’ici là, chaque partie serait tentée de jouer ses dernières cartes.
Noureddine H (avec AFP)