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50 mille petits agriculteurs ne peuvent pas accéder aux financements bancaires, un des facteurs ayant provoqué la chute de 38% de l’investissement déclaré dans le secteur
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La plupart des projets financés par la BFPME ont fait faillite à cause de la stratégie choisie par l’Etat pour financer ces entreprises par le biais de la BFPME
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L’important est de créer des entreprises et de pouvoir les préserver même si leur nombre n’est pas très important
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L’important, aujourd’hui, est de relancer l’économie et l’emploi, chose qui ne peut être faite qu’à travers la création de PME productives et durables
TUNIS – UNIVERSNEWS Dans son interview accordée à Universnews, Abderrazak Houas, le porte-parole de l’Association tunisienne des petites et moyennes entreprises (ANPME), a annoncé que près de près 400 mille PME (297 mille personnes physiques et 192 mille personnes morales) sont classées par la Banque centrale de Tunisie (BCT) dans les catégories 3 et 4 et sont désormais privées d’accéder aux financements bancaires et de rééchelonner leurs crédits. Et de préciser que suite à cette classification, 50 mille petits agriculteurs ne peuvent plus désormais accéder aux financements bancaires. C’est l’un des facteurs, d’ailleurs, ayant provoqué la chute de 38% de l’investissement déclaré dans le secteur agricole, selon ses dires.
Oui pour un plan de sauvetage, mais…
Il a par ailleurs indiqué qu’un programme de sauvetage et plusieurs lignes de crédits ont été mises en place au profit des PME et TPME, mais en vain le nombre de ceux qui ont en bénéficié demeure très minime voire non significatif.
Le porte-parole de l’Association ANPME a, dans le même cadre indiqué que la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME) fait face à plusieurs difficultés financières et elle est sortie de ce cercle depuis l’année 2018. De plus, a-t-il dit, la plupart des projets financés par la BFPME ont fait faillite pas à cause de la BFPME, mais plutôt à cause de la stratégie choisie par l’Etat de financer ces entreprises par le biais de la BFPME. «Comment, par exemple, financer et encourager les industriels du textile à lancer des projets en Tunisie alors que les frontières sont ouvertes pour laisser écouler les marchandises depuis la Chine et la Turquie. C’est contradictoire !», s’est-il exclamé.
Il a en outre indiqué, citant les statistiques du Registre National des Entreprise (RNE), que le nombre d’entreprises annuellement créée est de 24 mille alors que de 2017 à 2021, 38 mille PME sont portées disparues, selon les chiffres de l’INS. Selon lui, l’important n’est pas de créer des entreprises, mais plutôt de créer des entreprises et de pouvoir les préserver même s’il s’agit d’un nombre qui n’est pas très important, selon ce qu’il a dit.
Exclure les banques des comités exécutifs
Abderrazak Houas a exprimé un avis favorable par rapport à la mise en place d’un plan de sauvetage, recommandant toutefois de le mettre sous la tutelle du ministère de l’Economie et de la Planification dans la mesure où il s’agit de l’unique partie ayant une vision, un plan de développement et un programme à court et à moyen termes sur les prochaines orientations de l’Etat. Et pour mener à bien la mission de financement, il a appelé à exclure les banques des comités exécutifs. « La banque n’est qu’une partie qui exécute le financement et pas qui finance, elle n’a pas le droit de décider du financement ou de donner son avis. Les banques ne sont qu’une partie du circuit du financement. », a-t-il assuré.
Houas a réaffirmé l’importance, aujourd’hui, de redynamiser le tissu industriel tunisien et de relancer l’économie et l’emploi, chose qui ne peut être faite qu’à travers la création de PME productives et durables. Pour y parvenir, il a appelé à mettre avant tout, un plan de création puis un plan de sauvetage et d’accompagnement. Cela nécessite aussi de mettre en place un cadre juridique et réglementaire pour protéger la PME et garantir à ce que le financement soit déboursé juste pour la mettre sur les rails et pas pour payer ses dettes auprès de ses clients et fournisseurs, selon ses dires. « Il est impératif aujourd’hui, d’accompagner les PME tunisiennes au moins pour deux ans et les protéger de la concurrence, sinon elles ne peuvent plus survivre.
Des lignes de crédits en place, d’autres en cours !
Il convient de noter à ce propos que plusieurs lignes de crédits sont actuellement en cours d’utilisation. Il s’agit d’une ligne de crédit française de 30 Millions d’euros, une ligne de crédit italienne (secteur agricole et économie solidaire et sociale) de 35 Millions d’euros et 15 Millions d’euros), une ligne de crédit espagnole de 25 Millions d’euros et une ligne de crédit KFW de 140 millions d’euros (Mise en place depuis mai 2020) et une autre ligne de crédit italienne de 73 Millions d’euros avec une enveloppe supplémentaire de 55 Millions d’euros qui est en train d’entre mise en place.
D’autres lignes de crédits sont en cours d’être mises en place. Il s’agit d’une ligne de crédit AFD de 50 Millions d’euros, une ligne de crédit de Banque Européenne de l’Investissement (BEI) de 150 Millions d’euros et une ligne de crédit KFW : pour soutenir la SOTUGAR et appuyer le mécanisme public de garantie en faveur des PME.
D’autres programmes ont été initiés par des bailleurs de fonds et des pays étrangers, citant le projet de la Banque mondiale d’appui aux PME post-covid-19 (plan de mobilisation des parties prenantes (PMPP) et plan de gestion des travailleurs (PGT)), un projet allemand (don de « investititionen fur Beschaftigung de 20 Millions d’euros), un projet français (Ligne de financement française de 30 Millions d’euros), le programme du financement du commerce arabe (220 Millions de dollars) et un programme italien (lignes de crédits italiennes de 35 Millions d’euros et de 15 Millions d’euros).
A cela s’ajoute une ligne de crédit italienne de 73 Millions d’euros et une ligne de crédit espagnole de 25 Millions d’euros.