
Tunis, UNIVERSNEWS (Energie) – Les huiles alimentaires sont omniprésentes dans notre quotidien : un tunisien consomme en moyenne entre 10 et 13 litres d’huile alimentaire par an. Mais ces huiles alimentaires usagées représentent une importante source de pollution. Plusieurs tonnes d’huiles sont rejetées dans l’environnement chaque année, dont la moitié dans les eaux usées. Ces huiles sont ensuite incinérées ou enterrées, ce qui représente un coût important pour les collectivités. De plus, ces huiles représentent une menace pour la santé publique et l’environnement. Mais une fois recyclées et traitées, elles sont utilisées en tant que matières premières pour la production de biodiesel et de la glycérine. Les explications de Abir Sassi, Directrice du recyclage et de la valorisation à l’Agence nationale de gestion de déchets.
- UNIVERSNEWS : Quel est l’objectif de la campagne de collecte et de valorisation des huiles alimentaires usagées organisée par l’ANGED ?
Abir Sassi : Cette campagne de collecte et de valorisation des huiles alimentaires usagées par l’ANGED vise principalement à activer le système de gestion des huiles alimentaires usagées. 220 mille tonnes d’huiles végétales sont commercialisées sur le marché tunisien. Après utilisation, ces huiles deviennent environ 70 000 mille tonnes dont 60% proviennent des foyers et le reste des restaurants, des hôtels et des cantines. Il existe dans le pays environ 200 micro-entreprises ayant un cahier des charges pour la collecte de ces huiles.
Cette campagne a été entamée en 2022 à Soukra à El Mourouj avec la société civile, les scouts et la municipalité où des équipements de stockage ont été installés dans les résidences. L’expérience a touché aussi la cité de la Mourouj pour être enfin généralisée dans le Grand Tunis, Bizerte et Nabeul. La collecte des huiles usagées se fait selon un cahier de charge en raison de leurs effets nocifs sur l’environnement et du coût élevé alloué à leur filtrage, lorsqu’elles sont déversées arbitrairement dans le milieu naturel.
- Faut-il recycler ces huiles alimentaires usagées ?
Le recyclage des huiles alimentaires usagées est un enjeu important en Tunisie. Ces huiles représentent une source importante de déchets organiques, qui sont généralement envoyés en décharge. Or, les décharges sont des sites polluants, qui peuvent contribuer à la contamination des sols et des nappes phréatiques. Le recyclage des huiles alimentaires usagées peut donc permettre de réduire la pollution des sols et des nappes phréatiques, tout en produisant de l’énergie. Ces huiles alimentaires usagées engendrent des nuisances comme les mauvaises odeurs dues à la fermentation, la charge organique, les dégradations du fonctionnement des stations d’épuration ou encore le pouvoir colmatant important des eaux résiduaires évacuées vers les dispositifs d’assainissement. Le déversement des huiles usagées dans les égouts peut engendrer des bouchures causant de nombreux désagréments et une prolifération des rongeurs et des cafards.
- Comment se fait la valorisation des huiles alimentaires usagées ?
La récupération des huiles alimentaires usagées constitue un enjeu important. En effet, de nombreux usages peuvent en découler et permettre de valoriser ces déchets. Ces huiles ont suscité un regain d’intérêt de la part des acteurs du secteur agroalimentaire et de l’ANGED, en raison de leur potentiel environnemental et économique. Les huiles et graisses alimentaires usagées représentent en effet une source importante d’énergie renouvelable et de matières premières secondaires. Ainsi, les huiles peuvent être recyclées et transformées en biocarburant. La transformation des huiles végétales libère de grandes quantités d’un sous-produit : la glycérine qui est utilisée dans les produits de beauté, les dentifrices ou bien dans les domaines pharmaceutiques et alimentaires. (M.S)