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Politicien chevronné…Leader charismatique…et un Homme d’Etat jusqu’au bout!…
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L’Histoire retiendra qu’il a sauvé la Tunisie du chaos en acceptant un challenge « dramatique » un certain 27 février 2011…
Depuis l’époque de la lutte pour la libération du joug colonialiste jusqu’à sa récente disparition, Béji Caïd Essebsi a été un homme marquant et un acteur incontournable de la vie nationale et de la scène politique du pays.
Proche compagnon du Leader Habib Bourguiba, Béji Caïd Essebsi a contribué à la lutte ayant conduit à l’indépendance de la Tunisie avant d’être un des principaux bâtisseurs de la Tunisie modernes en occupant plusieurs postes-clés au sein des gouvernements successifs.
Après avoir été un des rares à oser constituer un noyau prônant davantage de démocratie et de libertés, le groupe d’Erraï, Caïd Essebsi est revenu sur la scène en présidant la première Chambre des députés, élue en 1989, mais il a vite rendu le tablier dès 1991 après s’être rendu compte que l’ancien président Ben Ali avait dévié des principes de la fameuse déclaration du 7 novembre à laquelle avaient adhéré toutes les composantes de l’opposition.
Ainsi et depuis ladite année de 1991, une traversée de désert de vingt ans a commencé avant de le voir reprendre les premiers rôles un certain 27 février 2011, près d’un mois et demi après l’avènement de la révolution du 14 janvier 2011.
Ce fut au lendemain d’un jour dramatique au cours duquel l’ancien Premier ministre, Mohamed Ghannouchi avait annoncé sa démission plaçant le pays dans une situation marquée par l’incertitude et l’inquiétude et dans une ambiance de ruée vers les marchés et les grandes surfaces pour s’approvisionner en produits alimentaires en prévision de journées sombres. Certains parlaient d’une ambiance de pré-guerre civile.
En effet, sur conseil de personnalités patriotiques, Foued M’bazzaâ a nommé Béji Caïd Essebsi en tant que Premier ministre qui a accepté le challenge et pris ses fonctions dans des circonstances où tous les ministres, ou presque, faisaient face au phénomène du « Dégage » et où le siège du gouvernement à la Kasbah était bloqué par les sit-inneurs.
S’asseyant par terre en face des protestataires, Caïd Essebsi a réussi, finalement par son audace et son charisme, à débloquer, un tant soit peu, la situation. Et sans trop s’attarder sur la chronologie de cette année 2011, on doit souligner le mérite de ce Premier ministre d’avoir sauvé la patrie d’une situation chaotique.
Ainsi, en l’espace de 7 mois seulement et non pas un an comme le prétendent certains, il a réussi à remettre les rouages de l’Etat en marche, avec un déroulement normal de la saison scolaire et universitaire, de la saison estivale avec ses festivals, du déroulement des activités sportives avec une remarquable finale de la Champion’s League d’Afrique en présence de 60 mille spectateurs, sans oublier qu’il a eu le mérite d’organiser les premières élections libres pour choisir les membres d’une Assemblée nationale constituante, sachant qu’il s’était engagé, ainsi que ses ministres à ne pas se présenter au scrutin.
Après avoir passé le témoin à Hamadi Jebali désigné par Ennahdha, vainqueur des élections, pour former le gouvernement, Bejbouj, comme on aimait bien l’appeler, même avant son élection, a eu le nouveau mérite de former un parti qui a réussi, en l’espace d’un an et demi, à réaliser l’équilibre avec le parti islamiste d’Ennahdha et même à le dépasser en se classant à la première place aux législatives de 2014 avant d’être, lui-même, élu au suffrage universel président de la République Tunisienne.
Au cours des quatre ans et demi à la magistrature suprême, BCE, comme on se plait à l’appeler selon la « tendance », a tout fait pour ancrer le prestige de l’Etat et le respect de l’Etat de droit et des institutions, et il y a réussi en grande partie en dépit de la limitation de ses prérogatives, sachant que l’opposition des islamistes l’a privé de faire passer un projet de loi sur l’égalité dans l’héritage entre l’homme et la femme qui lui aurait permis de marquer son passage à Carthage d’une pierre blanche.
BCE a eu le souci du respect de la Constitution, du concept de l’Etat, de la moralisation de la vie politique et de la liberté des Tunisiens jusqu’au dernier jour de sa vie en ayant eu le courage d’empêcher, malgré les critiques acerbes, le passage d’amendements inconstitutionnels de la loi électorale.
BCE aura été, jusqu’au bout, un Homme d’Etat croyant en l’éthique de l’action politique et au respect de la dignité humaine.
Pour l’histoire, aussi et en tant que journaliste et rédacteur en chef des infos et du site web de la radio Express Fm (2014/2015), j’ai eu le privilège et l’honneur de rencontrer Bejbouj à deux reprises lors de son passage sur les ondes de la radio dans le cadre de sa campagne électorale en 2014 avant le premier et le second tour de la présidentielle.
On avait parlé, à bâtons rompus, du déroulement de la campagne de son projet politique et de sa vision pour l’avenir de la Tunisie. Plein de verve et d’enthousiasme, il avait réponse à tout et l’amabilité de prendre des photos-souvenirs avec les journalistes et les employés de la radio. On avait évoqué, furtivement, certains souvenirs dans la vieille Médina de Tunis, du temps où il rendait visite à sa sœur, épouse Chahed, habitant dans notre quartier, plus précisément la rue Khaloua à El Hajjamine. Un quartier où habitaient des familles tunisoises notables, dont notamment, les Annabi, Ben Miled, Mouaffak, Ben Cheikh, Debbiche, Hlaoui, Somîi, Bouhejba, Ben Mahjouba, etc.
Noureddine HLAOUI