TUNIS – UNIVERSNEWS (NAT – MS) – Le début de l’adolescence est l’âge où un pourcentage élevé de jeunes commencent à expérimenter les produits du tabac. Le tabagisme pose un sérieux problème en Tunisie qui affiche les taux de tabagisme les plus élevés parmi les jeunes. Ces résultats sont particulièrement alarmants lorsque l’on sait que le fait de commencer à fumer très jeune est l’un des principaux indices non seulement d’une consommation ultérieure de tabac mais aussi d’une consommation plus intense. Pour certains jeunes, fumer permet de s’intégrer dans un groupe, de se donner un genre, de copier des comportements d’adultes, de se valoriser, de se démarquer des parents, de se détendre, de découvrir les effets sur leur corps et de braver l’interdit.
La prévention auprès de ces jeunes visant à les empêcher de commencer à fumer apporterait le plus grand bénéfice à la santé publique malgré la complexité des raisons pour lesquelles les jeunes se mettent à fumer.
Quoique de nombreuses leçons aient pu être tirées sur les diverses influences exercées sur les comportements des adolescents en matière de consommation de tabac, nombre de questions fondamentales restent sans réponse, telles que la raison pour laquelle certains jeunes expérimentent le tabac mais arrêtent rapidement de fumer alors que d’autres y goûtent et développent progressivement une dépendance à la nicotine. Sensibiliser les fumeurs et les fumeurs passifs à ce type d’addiction demeure important. Cette démarche de sensibilisation permet de rappeler les dangers mortels et les risques sur la santé inhérents à l’usage du tabac. C’est dans ce cadre que la cité de la culture abrite ce vendredi 31 mai 2024 un forum de sensibilisation contre le tabac, à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac 2024.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a indiqué que cette journée offrira une tribune aux jeunes du monde entier, qui exhortent les gouvernements à les protéger des tactiques de marketing prédatrices de l’industrie du tabac. La Journée mondiale sans tabac 2024 est placée sous le thème de la protection des jeunes contre l’ingérence de l’industrie du tabac.L’industrie cible les jeunes pour perpétuer ses profits et crée ainsi une nouvelle génération de personnes dépendantes. Dans toutes les régions, il y plus d’enfants que d’adultes qui fument des cigarettes électroniques et on estime que 37 millions de jeunes âgés de 13 à 15 ans consomment du tabac dans le monde.
12% des jeunes fument
Une étude publiée en janvier dans la revue Tobacco Induced Disease pointe la prévalence «alarmante» du tabagisme, la facilité d’accès aux produits du tabac par les jeunes générations. L’initiation au tabac est déjà largement entamée dans cette tranche d’âge : plus d’un tiers des garçons ont déjà essayé d’en consommer, contre 10% des filles. Par ailleurs, 12,7% des adolescents tunisiens ont déjà essayé le narguilé, dont plus d’un garçon sur cinq. 13% des jeunes hommes ont déclaré en avoir consommé. Au moment de l’enquête, 11,9% des adolescents interrogés ont déclaré avoir consommé du tabac dans les trente derniers jours, qu’il s’agisse d’un produit combustible ou sans fumée. Ces résultats diffèrent selon le sexe des répondants : 4,8% des jeunes filles interrogées ont affirmé avoir fumé dans le mois, contre 19,4% des garçons. Enfin, le tabagisme régulier concerne une proportion moindre d’adolescents : 2,2% d’entre eux avaient consommé du tabac pendant au moins 20 jours lors du mois dernier. Ici encore, on observe une nette différence, puisque ce tabagisme ne concerne que 0,1% des filles, mais 4,2% des garçons. Le type de tabac le plus fréquemment consommé était la cigarette, suivie par la cigarette électronique et le narguilé. Les raisons d’initiation au tabac étaient le stress, l’ennui, la curiosité, l’imitation des autres et l’exploration de l’interdit. Dr Hatem Bouzaïaene a indiqué que, dans notre pays, des enfants commencent à fumer à l’âge de sept ans. Le pourcentage de fumeurs chez les enfants et les adolescents est estimé à environ 14,9% pour la cigarette ordinaire et grimpe à 17,2% pour la cigarette électronique, alors que cette dernière est supposée être chère et inaccessible pour cette tranche d’âge.
La e-cigarette gagne du terrain chez les adolescents
L’e-cigarette fait partie du quotidien des 15-20 ans. En Tunisie, un adolescent sur huit a déjà fait usage de la cigarette électronique. Le vapotage multiplie, presque par trois, le risque d’initiation à la cigarette classique. « Le vapotage chez les jeunes semble être actuellement un phénomène de mode et est utilisé même chez des personnes n’ayant jamais fumé. Le marketing qui entoure la cigarette électronique le rend très attractif, notamment chez les adolescents. La cigarette électronique contient des formaldéhydes classés cancérogènes et d’autres constituants notamment aromatisants qui pourraient influer sur le risque de cancer, notamment en cas d’utilisation prolongée des vapoteuses. Il s’agirait en particulier des cancers nasopharyngés, des sinus et des voies respiratoires hautes. » précise Dr Sophia Bousnina Fekih, Spécialiste en pneumologie – allergologie. A chaque coin de rue, dans les cafés, les salles de jeux ou à proximité des établissements scolaires, de plus en plus d’adolescents s’adonnent à la cigarette électronique. Cette tendance inquiétante représente un défi majeur pour la santé publique, avec des implications potentiellement graves pour la santé et le bien-être des jeunes générations. L’initiation commence très tôt, avant même l’âge de 10 ans, mais débute en général pour la majorité des adolescents à partir de 14 ans. Les garçons sont quatre fois plus concernés par ce fléau que les filles. A cause de leurs arômes fruités, leurs couleurs juvéniles, leur accessibilité souvent facile, et une stratégie publicitaire féroce de l’industrie du tabac, ces nouveaux produits piègent de plus en plus les enfants, les adolescents, les jeunes et les femmes dans une spirale de dépendance meurtrière
Le tabagisme passif, un véritable problème de santé publique !
Le tabagisme passif est le fait d’inhaler de façon involontaire de la fumée dégagée par des fumeurs à proximité, provenant de la cigarette allumée ou expirée par le fumeur. « Le tabagisme passif concerne l’entourage du fumeur, qu’il soit familial ou professionnel. Le fœtus dans le ventre de sa mère peut également être concerné par le tabagisme passif avec des conséquences sur son développement. Le tabagisme passif est un véritable problème de santé publique concernant l’ensemble de la société, fumeurs et non-fumeurs, adultes et enfants. Les risques du tabagisme passif sont actuellement prouvés et bien connus. Ce type d’exposition peut causer des maladies graves : le risque de cancer pulmonaire est multiplié par 1,2 voire plus en cas d’exposition massive et prolongée, le risque d’infarctus du myocarde augmente de plus de 25%. Le tabagisme passif peut également aggraver des maladies préexistantes comme l’asthme ou les bronchopneumopathies chroniques obstructive (BPCO). Chez les enfants, l’exposition à la fumée de cigarette augmente le risque d’infections respiratoires, de crises d’asthme, de rhinopharyngites et double le risque de mort subite du nourrisson » explique Dr Sophia Bousnina Fekih
Sensibilisation aux dangers mortels du tabagisme
Face à ce phénomène préoccupant, des campagnes de sensibilisation nationale aux dangers mortels du tabagisme actif et passif ont vu le jour. Ces campagnes mettent en avant les risques de maladies mortelles et sanitaires : Cancers, poumon, buccal, sphère ORL, maladies respiratoires : bronchites chroniques, BPCO, et pathologies cardiovasculaires : infarctus du myocarde, artérite des membres inférieurs, hypertension artérielle. Les campagnes de sensibilisation anti-tabac se présentent sous diverses formes et diverses actions. Leurs objectifs sont les suivants : Faire prendre conscience du caractère nocif du tabac avec des distributions de brochures présentant des images chocs et des témoignages forts, mettre à disposition du public des ressources et des outils pour aider et encourager les fumeurs à se sevrer, informer sur les conséquences désastreuses du tabagisme passif, en particulier chez les jeunes enfants, afin de responsabiliser chaque fumeur et mettre en évidence les bénéfices de l’arrêt de la cigarette.
La prévention contre le tabagisme est un réel enjeu de santé publique. L’école est-elle l’institution qui peut intervenir en matière de prévention et de sensibilisation chez les jeunes. Combattre le tabagisme, sa normalisation et sa visibilité dans l’espace public et médiatique ne dépend pas seulement des écoles : c’est la société dans son ensemble qui devrait œuvrer en ce sens ! Les adolescents sont un public vulnérable. Il est de notre devoir de les protéger contre un comportement qu’eux-mêmes avouent souvent regretter La famille, l’entourage, les amis, l’école, les clubs de sports, les associations, etc. ont aussi un rôle à jouer dans ce domaine. Autre idée, mettre en place des programmes de sevrage. Cela paraît indispensable quand on sait que la plupart des adolescents fumeurs veulent arrêter mais font face à un échec dans le mois suivant leur tentative d’arrêt de façon dépendante.