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Samir Cheffi a : Halte àde l’instrumentalisation politique de la justice !
- Me Laâouini : « Il y a une machine invisible qui pousse vers le carré de l’oppression et plusieurs magistrats travaillent dans le sillage de certains pouvoirs politiques « .
Le comité de la campagne » Non à l’incarcération de Ben Brik » a tenu, aujourd’hui mercredi 29 juillet 2020, une conférence de presse au siège du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) au sujet de l’affaire de l’écrivain et journaliste Taoufik Ben Brik, incarcéré la semaine dernière pour avoir critiqué la Justice lors de l’élection présidentielle de 2019.
Plusieurs personnalités politiques et figures des droits de l’Homme, notamment le secrétaire général du Parti des Travailleurs, Hamma Hammami, le président du syndicat des journalistes, Néji Bghouri, l’avocat Abdennaceur Laâouini, le frère de Ben Brik, Jalel Zoghlami et le secrétaire général adjoint de l’UGTT Samir Cheffi.
Me Laâouini a critiqué le « dédain » par certains magistrats de la liberté d’expression. La justice tunisienne souffre d’une maladie organique puisqu’elle ne supporte pas la différence d’opinion et ne respecte pas le décret-loi 115 relatif à la liberté de la presse, de l’impression et de l’édition » a déclaré l’avocat Laâouini. Il a critiqué le recours aux lois pénales de 1916 qu’il a jugées obsolètes.
La même source a précisé que le comité avait présenté une demande de libération, espérant que les instances judiciaires donneront une suite favorable à leur requête en libérant Taoufik Ben Brik avant le vendredi 31 juillet jour de l’Aïd el Idha.
» Le dit de Ben Brik ne dépasse pas la simple expression d’une opinion qui ne doit nullement être pénalisée. La Tunisie ne doit pas se muter en une république de magistrats dans laquelle les Tunisiens seront en état de liberté provisoire » a estimé Me Laâouini.
L’avocat ajoute que le tribunal aurait dû tempérer avant de rendre son jugement et permettre à la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle de se prononcer.
« Il y a une machine invisible qui pousse vers le carré de l’oppression » a-t-il mis en garde avant d’ajouter » plusieurs magistrats travaillent dans le sillage de certains pouvoirs politiques « .
Me Laâouini s’est d’ailleurs dit étonné de la position de l’Association des Magistrats Tunisiens qui n’a jamais demandé la révision du code pénal. Un texte qui remonte à l’époque beylicale.
Pour sa part le président du SNJT a fait remarquer que Ben Brik fait face, aujourd’hui, aux » ennemis de la liberté « . Il a exhorté la justice à ne pas céder aux pressions, invitant l’AMT à soutenir les défenseurs des droits et libertés.
Le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Samir Cheffi a souligné le besoin d’une nouvelle mobilisation pour défendre les acquis de la révolution, dont la liberté d’expression. Cheffi a exprimé le mécontentement de la centrale syndicale de l’instrumentalisation politique de la justice, tout en mettant en garde contre le retour au carré de l’oppression.
Cheffi a demandé à l’Association des Magistrats Tunisiens de soutenir Taoufik Ben Brik et toutes les plumes libres du pays.(TAP).