* L’endettement menace le secteur et, avec l’inflation, il est normal que les prix des hôtels aient augmenté
TUNIS – UNIVERSNEWS – À défaut de s’annoncer radieuse, la saison estivale s’est achevée sur une note positive dans les principales destinations touristiques, augurant d’une moisson plus ou moins satisfaisante pour les opérateurs hôteliers qui espèrent rompre avec la période des vaches maigres.
Dans une déclaration à Radio Med, le Président de l’Union nationale de l’industrie hôtelière (UNIH), Afif Kchouk, a souligné que la destination Tunisie a connu plusieurs crises qui ont entravé le développement du secteur. « La fragilisation de la destination Tunisie a commencé depuis les événements du 11 septembre 2001 et l’attentat de Djerba du 11 avril 2002, puisque c’est depuis ce douloureux événement que les tour-opérateurs commencèrent à brader leurs lits touristiques, ce qui influence la qualité de services et par la suite la satisfaction et la fidélisation de la clientèle.
Extrême fragilité du produit
Suite à la révolution tunisienne, survenue à la fin de l’année 2010 et au début de l’année 2011, nous assistons à une vraie crise touristique, en Tunisie. Les tour-opérateurs européens boudaient davantage les hôtels tunisiens. Au fil du temps et faute de diversifier son produit, la Tunisie subit l’image d’une destination touristique « bon marché ». La crise a été importante en 2020-2021 et a prouvé l’extrême fragilité du produit touristique tunisien tel que développé dans les années 90 et 2000, basé quasiment sur un mono produit, le tourisme balnéaire. Faute de moyens et de crédits bancaires, Le produit balnéaire attire une clientèle caractérisée par une faible propension à dépenser », précise-t-il.
Impacts sociaux de la crise
Le Président de L’Union nationale de l’industrie hôtelière a ajouté que « le secteur se heurte à de nombreuses entraves et insuffisances, ayant impacté la cadence de l’activité. « Le secteur du tourisme n’a pu en fait s’adapter ni à l’évolution de la demande ni à la révolution numérique. La crise du système touristique en Tunisie a eu des impacts sociaux, tant que la forte saisonnalité et la fermeture des hôtels génèrent du chômage. Nous disposons de 871 hôtels en Tunisie soit 243 mille lits .Mais 180 mille lits sont seulement en exploitation avec un taux d’occupation ne dépassant pas les 40%. »
Coût d’exploitation devenu très élevé
A propos de l’augmentation des tarifs dans les hôtels, Afif Kchouk, a précisé que « le coût d’exploitation des hôtels a fortement augmenté. En cause: les prix de l’énergie et des matières premières pour l’alimentation. A juste titre, quand on parle de l’inflation, on évoque surtout la flambée des prix de l’énergie mais aussi celle de l’alimentation avec des paquets de pâtes coûtant plus cher, tout comme la viande et la volaille surgelée ». Ce qui entrave la compétitivité du tourisme tunisien, ajoute Afif, c’est essentiellement la situation financière désastreuse dans laquelle se trouvent les hôtels et leur endettement. Cet endettement est resté sans réponse. Les hôteliers n’ont pas les moyens d’innover ni d’investir pour offrir un produit de standing
Tunisair manque de moyens
«Pour booster le tourisme national, dit-il, le développement de l’offre aérienne est indispensable afin de redorer l’image de marque du pays .La mise en place d’une politique aérienne encore plus intense qui reliera la Tunisie à l’Europe est indispensable. Quand on sait que l’aérien est le nerf de la guerre, l’ouverture de nouvelles liaisons devient incontournable pour le tourisme. Tunisair Air fait de gros efforts mais il lui faut donner des moyens humains et matériels pour booster nos flux touristiques. Le parc doit être consolidé. Il faudrait mettre à la disposition des sièges si on veut se développer, si on veut avoir des touristes, il faut être connecté avec le monde entier et donc pour moi, il faut développer le transport aérien. Pour moi, il n’y aura pas de développement touristique sans développement de l’aérien», a souligné Afif Kchouk
Propreté : spectacle de désolation
Abordant l’environnement touristique, Afif a constaté que certaines avenues offrent désormais un vrai spectacle de désolation. Elles croulent sous la quantité des déchets. Ce qui n’est pas admissible dans un pays auquel les longues traditions en tant que site touristique ont appris que l’un des facteurs déterminants pour être attractif est l’environnement physique et humain. « L’année 2023 sera très difficile .Il faut se préparer si on veut sauver notre tourisme. » conclut-il.
Mohamed SELIM