• Le président égyptien : « Je dis et répète, je mets en garde toute partie cherchant à parvenir à une solution militaire à la crise libyenne !… ».
• « Appel à des négociations à Genève, au retrait des combattants mercenaires étrangers de tout le territoire libyen, au démantèlement des milices et à la remise des armes… »
Au moment où l’on s’y attendait pas, suite à l’avancée significative des forces fidèles à Fayez Sarraj avec, notamment, la reprise de Tripoli, le président égyptien, Abdelfattah al-Sissi a fait une entrée théâtrale en scène en organisant une cérémonie solennelle au cours de laquelle il a annoncé une nouvelle initiative de paix pour la Libye.
En effet, lors d’une cérémonie, tenue ce matin du samedi 6 juin 2020 au Palais d’El Ittihadiya au Caire et qui a duré, à peine, 22 minutes, Al-Sissi a annoncé ce qu’il a appelé la « Déclaration du Caire » proposant initiative détaillée pour une solution libyo-libyenne.
Ayant à ses côtés, le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne, et Aguila Saleh, président du parlement de Tobrouk, et devant un parterre des ambassadeurs de « pays concernés par la crise libyenne », le président égyptien a présenté sa nouvelle initiative de paix pour la Libye en proposant la création d’un conseil élu et l’instauration d’un cessez-le-feu à partir du lundi 8 juin à 6 heures du matin.
Proposé après l’échec d’une offensive du maréchal Haftar sur Tripoli, le plan comporte aussi un « appel à des négociations à Genève, au retrait de tous les combattants mercenaires étrangers de tout le territoire libyen, au démantèlement des milices et à la remise des armes », ce qui ouvrirait la voie à la formation d’un conseil présidentiel élu en Libye et empêche « les groupes extrémistes et les milices » de contrôler les ressources du pays.
Une phrase prononcée dans l’allocution d’Al Sissi a, toutefois, retenu l’attention des observateurs, lorsqu’il « a mis en garde toute partie cherchant à parvenir à une solution militaire à la crise libyenne ».
« Je répète, je mets en garde toute partie cherchant à parvenir à une solution militaire à la crise libyenne ». Cette insistance, est interprétée par les analystes comme étant adressée aux forces turques soutenant Sarraj et qui semblent grisés par les derniers « succès » sur le terrain et déterminés à poursuivre leur avantage sur le terrain.
C’est dans ce cadre que Khaled Mechri, président du parlement de Tripoli, a rejeté, dans une déclaration accordée à la chaîne propagandiste qatarie d’Al Jazeera, l’initiative égyptienne. Mais les mêmes analystes estiment qu’étant le halo ayant marqué le cérémonial du Caire et le ton ferme, à la limite de l’ultimatum, utilisé par Al-Sissi, il faudra s’attendre à une implication plus active de l’Egypte, fortement soutenue par la Russie surtout que qu’il a considéré ce qui se passe en Libye comme étant faisant partie intégrante de la sécurité nationale de l’Egypte.
En tout état de cause, la crise libyenne est appelée à un développement où aucun scénario n’est à écarter…
Noureddine HLOAUI