TUNIS – UN/AGENCIES – Le gouvernement algérien a poussé hier un nouvel arsenal de lois relatives au secteur des médias, dans le but de réorganiser et de contrôler le secteur des médias et la presse en Algérie. La nouvelle loi sur les médias en Algérie a fixé huit lignes rouges à l’encontre des journalistes qu’il est interdit de franchir.
Le projet de nouvelle loi sur les médias exige entre autre l’obtention d’un diplôme universitaire et d’une expérience professionnelle pour obtenir le statut de journaliste, tandis que la nouvelle loi sur la presse écrite et électronique prévoit une preuve d’une expérience professionnelle qui s’étend jusqu’à 15 ans pour les directeurs de journaux et publications, et 5 ans pour les webmasters.
Il énonce également un certain nombre de mises en garde que les journalistes ne doivent pas violer, sous peine de poursuites judiciaires et de sanctions, qui sont la religion islamique et les autres religions, les composantes de l’identité nationale, la souveraineté, l’unité nationale et l’unité du territoire national, les impératifs de l’ordre public, de la sécurité et de la défense nationale, les symboles de l’Etat, les intérêts économiques, le pays, le secret de l’instruction judiciaire, les libertés individuelles et collectives.
Le renvoi par le gouvernement de la nouvelle loi sur les médias au Parlement pour discussion en session plénière au cours des semaines suivantes est intervenu après deux ans d’hésitation, le président Abdelmadjid Tebboune ayant renvoyé la loi au gouvernement à quatre reprises et exigé qu’il rende plus améliorations, dans le cadre de la modification de la loi actuelle qui a été publiée en 2012.
La loi exige que les directeurs de publication de journaux aient au moins 15 ans d’expérience
Dans le même contexte, le gouvernement algérien a soumis un projet de nouvelle loi sur la presse écrite et électronique, qui autorise la création de journaux écrits et de sites Internet, sur simple autorisation du ministre de la Communication. La nouvelle loi insiste sur la nécessité de jouir de la nationalité algérienne exclusivement pour les propriétaires de journaux et de sites Internet. La loi interdit, sous peine de sanctions pénales prévues par la loi, le financement direct et indirect et le soutien matériel de toute entité étrangère, et prévoit la création d’une autorité de contrôle de la presse écrite et électronique.
La loi exige que le directeur de la publication dans les journaux écrits soit algérien titulaire d’un diplôme universitaire, et ait une expérience d’au moins 15 ans dans le domaine des médias, prouvée par l’affiliation à la Caisse de sécurité sociale, et qu’il n’ait pas été condamné pour corruption ou actes déshonorants. Alors que le directeur de l’édition du journal électronique doit être titulaire d’un diplôme universitaire, et avoir une expérience d’au moins 5 ans dans le domaine des médias, et que le journal ou le site Internet doit être algérien, c’est-à-dire sur la « DZ » domaine.
Pour être reconnu comme journaliste, la loi exige que ce dernier possède un diplôme universitaire et une pratique de terrain de la profession, pas moins de 3 ans dans le domaine du journalisme, ou un certificat d’enseignement supérieur dans n’importe quelle discipline avec une formation en journalisme et expérience de pas moins de 5 ans dans le domaine du journalisme. Cela ferme la porte à un grand chaos qui s’est produit dans le secteur de la presse en Algérie, en raison de l’infiltration de praticiens qui s’immiscent dans la profession, notamment à cause des centres de formation qui vendent à des non-certificats de qualification universitaire en journalisme pour les jeunes dans des cours qui durent moins d’une semaine.
La loi reconnaît les correspondants en leur qualité de journalistes sous contrat à durée indéterminée avec un média, aux mêmes conditions préalables, mais en même temps elle interdit de cumuler l’exercice du journalisme avec toute fonction administrative. Le dernier point traite des problèmes professionnels dans les États de l’intérieur de l’Algérie, où un certain nombre de correspondants travaillent avec des médias d’une part, et ils exercent des emplois professionnels et administratifs dans le secteur de l’éducation, et un certain nombre de correspondants ont recours au travail gratuit auprès des médias pour obtenir la carte de presse leur permettant d’approcher les officiels.
Notons que ‘Le Courrier international’ a rapporté que le Conseil national des journalistes algériens avait déjà exprimé son mécontentement vis-à-vis du projet, d’autant plus qu’il n’a pas été consulté lors de son élaboration. « Les atteintes à la liberté de la presse demeurent préoccupantes : les organisations de défense de la liberté d’expression font souvent état de pression, de harcèlement judiciaire et d’arrestations. Reporters sans frontières classe d’ailleurs le pays à 134e place de l’indice mondial de la liberté de la presse, sur un total de 180 pays. », a tenu à préciser le journal.