Les propos tenus par Lazhar Akremi, ministre conseiller politique auprès du chef du gouvernement chargé des affaires courantes, lors de son intervention à l’émission de Samir El Wafi sur la chaîne Attessiâ, ont suscité un grand tollé au vu de leur gravité et des personnes qu’il a accusé d’implication dans des affaires de corruption.
En effet, évoquant la rupture entre feu Béji Caïd Essebsi et Youssef Chahed, M. Akremi a révélé, selon ses dires, que le début du bras de fer a été enregistré lorsque « M. Chahed a refusé de signer une autorisation pour un grand homme d’affaires de toucher un virement de 24 millions de dinars, car le bénéficiaire était endetté envers les banques et que si le virement passait directement sur ses comptes, le gros de la somme serait débité automatiquement… »
Et d’ajouter que cette demande a été faite par Hafedh Caïd Essebsi au profit du bénéficiaire en question. Mais Youssef Chahed a réclamé une note par écrit de feu le président de la République, ce qui a été refusé par BCE qui ne fournissait jamais de trace écrite. Résultat, le déclenchement des hostilités entre les deux chefs de l’exécutif… ».
Or, tout le monde sait que le chef du gouvernement n’a aucune autorité sur la Banque Centrale de Tunisie qui dispose de l’autonomie et que c’est donc aberrant de parler d’intervention de quelqu’ordre que ce soit, sachant que Lazhar Akremi parle de « recommandation écrite et de tampons ». C’est dire qu’une telle accusation relève de la fantaisie.
Lazhar Akremi, qui n’est pas à sa première accusation qu’il n’arrête pas de lancer sur antenne, alors qu’il occupe, encore un haut poste de responsabilité à La Kasbah, ne dispose d’aucun document écrit, comme il le reconnaît lui-même.
M. Akremi ne s’est pas arrêté là. Voulant enfoncer davantage HCE, il l’a accusé d’avoir chargé une tierce partie pour le dénoncer d’être en possession d’importante somme d’argent qu’il allait ramener du Qatar où il voyage souvent pour affaires dans ce pays dont un restaurant de luxe…Sans oublier de traiter Hafedh Caïd Essebsi, une nouvelle fois, de « mongolien » !
D’après les observateurs, Lazhar Akremi est allé, trop loin, cette fois-ci en regard de la nature et de la gravité des accusations. Et logiquement, le ministère public devrait procéder à une enquête et à une audition de M. Akremi. Ou bien, il dispose de preuves concrètes et accablantes pour pouvoir convoquer les éventuels présumés auteurs de corruption, ou bien alors de prendre les mesures qui s’imposent envers le dénonciateur.
Il faut dire que même sur le plan moral et éthique, il est déplacé de « taper » sur quelqu’un de décédé et qui était, par-dessus tout, son « bienfaiteur », sans oublier qu’avant 2014, il était un fidèle compagnon, voire un des plus fervents courtisans de HCE qui le présentait et recommandait auprès des hommes de médias.
A rappeler que M. Lazhar Akremi s’était mêlée à une émission animée par Boubaker Ben Akacha sur Attessiâ, et au cours de laquelle il apportait son témoignage et sa thèse prétendant l’existence d’une grosse affaire d’espionnage impliquant un expert onusien de nationalité tuniso-allemande, qui a été libéré après plusieurs mois de détention pour rentrer en Allemagne et reprendre ses activités.
Or, devant une affaire dite de corruption portant sur plusieurs millions de dinars, on verra quelle attitude aura le parquet pour tirer au clair ce dossier ?!
Noureddine HLAOUI