TUNIS – UN/AGENCIES – Les proches des prisonniers condamnés à mort en Arabie saoudite craignent que la peine ne soit exécutée contre eux à tout moment, alors que le Royaume accélère l’exécution des condamnations à mort sur fond d’affaires de meurtre, de tentative de trafic de drogue et d’accusations de terrorisme.
Vingt-quatre personnes ont été exécutées depuis début octobre, dont 18 au cours des deux dernières semaines. Il s’agit notamment de 16 personnes reconnues coupables d’infractions liées à la drogue, mettant fin à un moratoire sur la peine de mort pour de telles infractions, annoncé en janvier 2021.
Mardi, les Nations unies ont condamné l’escalade des exécutions, en particulier celles liées aux crimes liés à la drogue, la qualifiant d’« étape très regrettable » et « contraire aux normes et standards internationaux ».
Douaa Dahini, chercheuse à l’Organisation saoudienne européenne des droits de l’homme, a déclaré que les responsables saoudiens envoyaient souvent des préavis aux familles des victimes d’exécution liées à des affaires de meurtre. Mais, dans la plupart des autres cas, les exécutions ne sont annoncées qu’après avoir eu lieu. Cela signifie que les proches des condamnés à mort sont souvent informés des exécutions par le biais des médias d’État. Il incombe parfois aux autres détenus de contacter les familles et de les informer.
Dahini a ajouté que les familles « n’ont pas la possibilité de dire au revoir à leurs proches ».
Sous pression psychologique et dans une terreur extrême
Les médias d’État n’ont pas fourni de détails sur la manière dont les récentes exécutions ont été effectuées, mais l’Arabie saoudite a fréquemment procédé à des exécutions par décapitation.
Depuis le début de cette année, 144 exécutions ont eu lieu en Arabie saoudite, soit plus du double du total de 69 de l’an dernier.
En mars, les autorités saoudiennes ont exécuté 81 personnes en une journée pour des accusations liées au terrorisme, au milieu des critiques internationales.
L’Organisation européenne saoudienne des droits de l’homme dit avoir connaissance de 54 personnes en attente d’exécution, dont huit mineurs, mais Dahini affirme que le nombre pourrait être plus élevé.
De son côté, le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, a affirmé dans une interview au magazine The Atlantic que l’Arabie saoudite s’était « débarrassée » de la peine de mort, sauf dans les cas de meurtre ou lorsque quelqu’un « menace la vie de nombreuses personnes ».