Triomphalisme de Rached Ghannouchi dans son discours devant le bloc parlementaire nahdhaoui à l’ARP (le 18 Novembre 2018). Nombrilisme aussi dès lors qu’il affirme que « son » mouvement, son référentiel islamiste et…démocratique (sic) rayonnent de par le monde et sont désormais un modèle pour la nation musulmane toute entière. Ghannouchi tacle ouvertement le Président de la République, fait la morale à Nida Tounes, coupable à ses yeux d’avoir rompu « le pacte de fidélité mutuelle » et s’enorgueillit de ce qu’Ennahdha, en refusant le limogeage du gouvernement (sous-entendu le limogeage de Youssef Chahed), ait eu recours à la constitution de 2014 et sauvé la stabilité politique. Après s’être débarrassé de Béji Caid Essebsi, voilà que le naturel islamiste revient au galop. Mais ce qui est encore plus grave c’est la sempiternelle duplicité du discours. D’un côté, il dit que le nouveau gouvernement n’est pas celui d’Ennahdha et il affirme, de l’autre, que son mouvement s’est opposé à la reconduction de certains ministres ( il ne les nomme pas), sur lesquels « pèsent des présomptions de corruption). Et il a été affirmatif. C’est grave. Même si cela ressemble plus à de la poudre aux yeux, qu’à une analyse dépouillée de la situation politique. En fait, cette affaire de chambre noire, d’organisation secrète, font chavirer les dévots de Rached Ghannouchi…lequel voit d’ailleurs son emprise s’éroder. A titre symptomatique, son candidat pour une nouvelle présidence du bloc parlementaire, Noureddine B’hiri, l’a emporté de justesse devant Samir Dilou qui, lui, représente le courant réformiste : 53% pour le premier contre 47 pour le second. Il est vrai que les égarements de Nida Tounes pourraient, à l’opposé, donner une impression de discipline et de cohésion au sein d’Ennahdha. Pas évident.
Les ministres ayant quitté le gouvernement et s’étant sentis visés par Rached Ghannouchi sont ; Ghazi Jeribi, Mabrouk Korchid et Majdoline Cherni
R.K