Le meurtre du savant tunisien Mohamed Zouari, le 15 décembre 2016 vers 13 heures 44 ,devant son domicile, à Sfax, a été planifié depuis 2015 tandis que ses préparatifs proprement dit ont commencé en juin 2016, ont indiqué les responsables des services sécuritaires et judiciaires en charge de l’affaire, lors d’un point de presse tenu, mardi 11 décembre, au siège du ministère de l’intérieur dont notamment Sofiène Selliti, porte parole du pôle judiciaire antiterroriste qui instruit l’affaire, Abdelkader Farhat, directeur de la police judiciaire, outre le directeur de l’unité sécuritaire chargée des recherches en affaires terroristes.
« Fausses allégations »
Le porte parole du ministère de l’intérieur, Sofiène Zâag, a indiqué qu’à l’occasion du deuxième anniversaire de l’assassinat de ce savant tunisien, il a été jugé utile de présenter à l’opinion les faits établis à ce sujet de façon incontestable par les autorités tunisiennes, et qui démentent les fausses allégations circulant dans divers supports médiatiques notamment sur les réseaux sociaux.
Les responsables sécuritaires et judiciaires ont confirmé que le meurtre a été commis par deux ressortissants de nationalité bosniaque, Alan Caldic, né le 28 février 1970 et Oliver Saracov,né le 3 mai 1976, tous deux arrêtés, le premier en Croatie le 13 mars 2018, et le second, à Sarajivo, le 12 mai 2018, mais les autorités bosniaques se sont opposées à leur extradition en Tunisie. Ils ont mis l’accent sur les moyens matériels et l’argent énormes déployés pour mener l’opération, assurant qu’il y avait derrière les tueurs des commanditaires et une partie intéressée par la liquidation du savant. Les services de sécurité sont en possession de la photo de l’un deux surnommé Mido. La préparation du crime a été effectuée dans plusieurs capitales européennes, outre la ville américaine de New York.
Crime commandité par Israël ?
En réponse à une question sur l’implication du service de renseignements israélien, dit le Mossad, dans l’assassinat du savant tunisien, le porte parole du pôle judiciaire antiterroriste, Sofiène Selliti, a indiqué que tant que la justice tunisienne n’a pas interrogé directement les tueurs , il ne peut rien conjecturer à ce sujet.
Selon les données fournies, il y avait trois groupes impliqués, l’un qui a planifié, l’autre qui a exécuté, et un troisième groupe formé pour la plupart de Tunisiens qui ont été utilisés à leur insu dans l’exécution du plan.
Le meurtre a été, en outre, facilité par un cadeau « empoisonné » offert au savant tunisien lors d’un séjour en Turquie et consistant en un téléphone mobile qui peut être manipulé à distance et c’est grâce à ce mobile que Mohamed Zouari a pu être suivi lors de ses derniers déplacements par les deux meurtriers qui n’ont pas eu besoin d’utiliser une voiture à cet effet. Au contraire, ils l’avaient précédé sur place quand il s’était rendu à son domicile pour la dernière fois avant d’être tué.
D’ailleurs, les meurtriers ont détruit ce mobile, mais laissé les armes ayant servi à l’opération.
D’après les responsables sécuritaires, ces armes ont été introduites en Tunisie, car les meurtriers ont eu soin d’effacer leur numéro de série pour qu’elles ne soient pas tracées. Ils étaient venus par mer et sont entres en Tunisie le 8 décembre 2016, via le port de la Goulette.
L’interview accordée à un journaliste isrelien
S’agissant du journaliste de nationalité israélienne qui a interviewé le savant tunisien, avant sa mort, Sofiène Selliti a indiqué qu’il a été établi que cette affaire n’a pas de lien avec le meurtre de Mohamed Zouari et qu’elle est toujours instruite indépendamment de l’affaire de Mohamed Zouari, en tant qu’affaire d’espionnage pour le journaliste qui avait entre temps quitté la Tunisie et de livraisons d’informations à des parties étrangères pour les inculpés de nationalité tunisienne.
Salah Ben Hamadi