En dehors de la « sacro-sainte » Assurance-Auto, accessoirement d’autres services (maison, vol, incendie), nos compatriotes n’ont pas, à proprement parler, la culture de l’Assurance. Les offres de services ne manquent pourtant pas. Mais, à leurs yeux, l’Etat-providence réparera tout…
Depuis la révolution qui a mis au grand jour les nombreuses lacunes en matière d’assurance contre les risques liés aux émeutes, grèves et mouvements populaires en Tunisie, ce produit est, aujourd’hui, largement proposé par les sociétés d’assurance au point qu’une de ces compagnies l’a annoncé dans un panneau publicitaire comme un évènement heureux, en félicitant le public de son offre. Cependant, les souscriptions sont en deçà des attentes.
Selon Anis Ben Réjeb, directeur à la Société tunisienne d’assurance et de réassurance (STAR), hormis l’assurance automobile qui est obligatoire, le taux de pénétration des assurances en Tunisie est faible, quoique tous les domaines soient couverts, dont les risques liés aux grèves, émeutes et mouvements populaires.
Les Tunisiens qu’il s’agisse de particuliers ou de professionnels regardent encore l’assurance comme un fonds perdu et préfèrent toujours compter sur la générosité de l’Etat en cas de pépin sérieux, a-t-il dit.
Ainsi, suite aux dégâts et dommages occasions dans le sillage des émeutes et mouvements populaires ayant émaillé la révolution, entre 17 décembre 2010 et 28 février 2011, l’Etat a versé gratuitement près d’un milliard dinars à titre de dédommagements à des centaines d’entreprises économiques et commerciales sinistrées de diverses tailles, alors que l’assurance contre les risques liés aux émeutes et mouvements populaires existaient déjà avant la révolution, mais personne n’y avait pensé, à part les grandes entreprises et des hypermarchés.
Cependant, l’assistance généreuse de l’Etat dans ces cas de figure va à l’encontre des intérêts du contribuable qui finance le budget de l’Etat en vue d’autres interventions pour le bien de la collectivité dans son ensemble. C’est comme si une personne paie pour une autre, sans raisons valables.
La même problématique se rencontre dans les domaines des assurances contre les risques liées aux intempéries et catastrophes naturelles, projetées, récemment, au devant de l’actualité nationale à la suite des inondations provoquées par les fortes pluies enregistrées dernièrement dans les différentes régions du pays, inondations ayant affecté notamment le gouvernorat de Nabeul, le 22 septembre, ainsi que celui de Siliana, dans une moindre mesure.
Faute de couvertures par des garanties d’assurance appropriées, le directeur exécutif de la Fédération tunisienne des sociétés d’assurance, Kamel Chibani, a proposé la création d’un Fonds financé par l’Etat et les sociétés d’assurance pour dédommager les sinistrés, alors que le gouvernement, par la voix de son chef, Youssef Chahed, a promis d’indemniser gratuitement et généreusement les familles sinistrées (dans les quartiers populaires, notamment). Mais par quelle procédure et sur quels budgets ?
A cette occasion, le directeur exécutif de la FTUSA a préconisé d’inscrire les catastrophes naturelles dans le projet d’amendement du code des assurances.
Absolument injustifiables de la part des professionnels comptant sur la générosité de l’Etat, les réticences à l’égard de la souscription des garanties d’assurance de la part des particuliers s’expliquent davantage par des habitudes ancrées et une certaine ignorance, à en juger par les assureurs.
Le directeur à la STAR, Anis Ben Rejeb, nous a indiqué que pour une somme très supportable pour tout le monde, une garantie d’assurance sur le domicile, par exemple, peut couvrir le vol, mais aussi l’assistance en cas de fuite d’eau, ou encore en cas de la perte des clefs du domicile donnant droit à la venue d’un employé pour réparer provisoirement la fuite ou ouvrir la porte, même très tard, la nuit. L’assurance « tout risque » proposée par la STAR couvre pratiquement tout.
Salah Ben Hamadi