Par Ezzeddine Zayani*
Ma lecture du tsunami politique, toute émotion, déception ou rancœur mises à part, je pense qu’au lieu de chercher à sortir d’une crise, les électeurs tunisiens ont voulu et tenu par leurs choix à en créer d’autres.
Sans rien cacher à mes amis je crains qu’avec ce fameux 15 septembre la Tunisie ne soit entrée démocratiquement dans une véritable impasse. Débouchant sur un duo très controversé, 2 personnes, un concerné par des affaires en justice et l’autre novice qui n’a jamais exercé le pouvoir.
Les Tunisiens offrent au monde entier une image de rebelles jusqu’au-boutistes, d’irresponsables voire de kamikazes qui se jettent sans parachutes dans l’inconnu. C’est justement cet inconnu qui inquiète le plus.
En effet juste au moment où les Tunisiens savourent la victoire de leurs idoles le prix du baril de pétrole a grimpé en peu de temps de 10 dollars, conséquences des événements qui se déroulent en Arabie Saoudite ce qui aggrave la facture pétrolière pour notre pays qui importe 70 milles barils par jour, de près de 2 milliards de nos millimes par jour.
Mes compatriotes, qui avaient exprimé leur colère hier et sanctionné une classe politique dont le premier slogan est le mensonge, ignorent peut-être que notre pays est concerné intimement par ce qui se passe dans le monde. Hier on a comme l’impression que les tunisiens s’étaient bandés les yeux pour voter et furent décidés à laminer par leur geste tous ceux qui les ont fait souffrir. Mais là aussi la facture est salée.
Les deux retenus risquent de ne pas pouvoir répondre convenablement à leurs attentes. Pour mieux comprendre ce que je dis, le 14 nous étions dans un cercle vicieux et le 15 nous avons opté pour la quadrature du cercle pour ne pas dire un long tunnel.
Bref, à mon humble avis, nous venons de payer le prix fort pour limoger les têtes d’un certain nombre de gouvernants inutiles. La situation apparaît difficile et la nakba pourrait à son tour faire les frais de ses manigances derrière le rideau comme la horde d’égoïstes qui n’avaient rien compris aux enjeux d’une échéance électorale étriquée
A ceux qui n’ont plus rien à perdre et s’ils détiennent des informations fiables et documentées sur l’appareil secret et les phalanges de la mort qui avaient terrorisé les Tunisiens durant plus de 8 ans, c’est le moment de tout dévoiler. Peut-être ce sera salutaire!!!
*Docteur en philosophie politique, diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (Sciences Po) et ancien ambassadeur