TUNIS – UNIVERSNEWS (EDITO)– Un grand tintamarre a accompagné la réunion tripartite tuniso-algéro-libyenne, en vue de la création d’une nouvelle entité maghrébine qui écarte le Maroc, bien sûr, et la Mauritanie qui n’a pas apprécié ce qui se trame. Mais, comme d’habitude, cela n’a pas donné lieu à une action concrète… avec, toutefois, le président algérien Abdelmadjid Tebboune qui s’est épanché pour expliquer que les deux pays sont totalement interdépendants au niveau de la sécurité et du développement.
Malheureusement, les actes du président algérien ne concordent pas avec ses paroles. Alors qu’il emploie un ton paternaliste à souhait. Il cherche à s’imposer en tant que protecteur de la Tunisie, alors que ses actes sont loin de refléter cette orientation… et les flux de migrants subsahariens qui sont refoulés à ses frontières vers la Tunisie en disent long sur ce qui se trame.
« Quiconque menace la sécurité de la Tunisie nous trouvera devant lui », a déclaré le président algérien Abdelmadjid Tebboune à l’issue de sa visite hier en Tunisie pour participer à la réunion consultative convoquée par le président Kais Saïed, en présence du chef du conseil présidentiel libyen, Mohamed EL-Menfi.
Ce discours a suscité de nombreuses réactions de colère sur la toile, estimant qu’il y avait beaucoup d’arrogance et de clientélisme dans les relations de l’Algérie avec la Tunisie, ce que les Tunisiens rejettent de la part de l’Algérie et d’autres pays de l’Est et de l’Ouest.
L’État tunisien, trois fois millénaire, n’a besoin de personne pour le protéger. Il n’a pas non plus besoin de pitié, car ce pays souverain, comme il l’a toujours été, a son armée, ses services de sécurité et ses institutions qui ont résisté aux circonstances les plus difficiles. La Tunisie a fait beaucoup pour l’Algérie à l’époque de la guerre de libération et durant la période sanglante qu’elle a vécue, durant les années 90.
La Tunisie croit au destin commun entre les pays du Maghreb arabe depuis les années vingt du siècle dernier, mais l’édification maghrébine est au point mort et le restera à cause du conflit algéro-marocain concernant le Sahara occidental, dans lequel la Tunisie est restée neutre.
Les Tunisiens n’oublieront pas non plus le crime de Gafsa, financé par les services de renseignement libyens et perpétré par des Tunisiens recrutés. Ce crime a été commis après que le groupe de Gafsa ait réussi à s’infiltrer à travers la frontière avec l’Algérie, ce qui soulève un grand point d’interrogation sur le rôle que ce « pays frère » a joué dans cette affaire… une opération au cours de laquelle des Tunisiens innocents ont été tués !
La Tunisie n’a besoin d’aucun autre État pour la protéger, et encore une fois, Tebboune fait fausse route, surtout que sa déclaration qu’il a présentée comme de la solidarité, n’est dans son essence qu’une tutelle, ce que les Tunisiens rejettent et n’accepteraient de personne et de n’importe quel Etat.
MUSTAPHA MACHAT