- « Nous n’avons jamais surfé sur les faits du passé pour gagner la légitimité du présent… »
- « Pendant 50 ans, nous n’avons marchandé avec l’indépendance et la souveraineté de la Tunisie… »
Maître Mounir Ben Salha, comme il l’a promis, a rendu public, ce matin du mercredi 15 mai 2019, vi la lettre de l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali, pour répondre aux politiciens qui n’ont cessé de citer son nom et le déclarer gravement malade, ces derniers jours.
L’avocat assure qu’il publie la lettre, intégralement, telle qu’elle lui était parvenue, tout en précisant qu’il l’a fait à la demande même de Ben Ali.
En voici la traduction du texte de la lettre :
«Les déclarations citant mon nom et évoquant mon état de santé, ainsi que des affaires concernant mon passé de président de la République, se sont répétées ces derniers jours en Tunisie.
Et si je m’étais abstenu, depuis qu’on m’a forcé à quitter mon pays, de faire la moindre déclaration qui serait à même d’ajouter aux troubles et aux difficultés que vit la Tunisie, et ce, partant de mon sentiment de responsabilité d’homme d’Etat, envers ce peuple, et de mon devoir de retenue il m’est impossible d’accepter qu’on utilise mon nom à des visées politiques par certains, et qu’il soit exploité à des fins politiques ou dans d’autre sens que ce soit.
Je remercie Dieu de m’avoir donné la santé et la sécurité, autant que j’en souhaite aux Tunisiens, et plus, encore. Et je m’étonne des propos que certains ne cessent de répéter concernant une prétendue détérioration de ma santé, ce qui a eu un grand impact négatif sur ma personne ainsi que sur les miens.
Je suis la situation qui prévaut dans le pays, comme tout Tunisien qui ne peut qu’espérer le meilleur pour son pays, et je trouve le moment impropre pour les surenchères entre les différents protagonistes de la scène alors qu’ils devraient se pencher plus sérieusement sur la défense de leur pays et son sauvetage de la situation économique critique qu’il traverse.
J’ai eu la chance de travailler pour l’intérêt de mon pays et d’assumer ma responsabilité pour le diriger, et seuls Dieu et l’histoire pourront juger de la nature de notre travail, et pourront juger ce que nous avons réalisé et ce que nous n’avons pas pu réaliser. Mais, à l’époque nous n’avons jamais fait de la surenchère par rapport à ceux qui nous ont précédés, et n’avons jamais surfé sur les faits du passé pour gagner la légitimité du présent.
J’exhorte tout notre cher peuple, ainsi que ceux qui assument la responsabilité de gouverner, maintenant, après nous, à s’attacher à l’espoir en l’avenir de leur pays, et à dépasser la conjoncture de crise exceptionnelle qu’il traverse. Et soyez assurés que je suis avec vous, corps et âme avec tout ce qu’il est dans mon pouvoir de faire pour le bien de notre chère Tunisie que nous avons eu l’honneur de servir avec abnégation et loyauté pendant cinquante ans, sans jamais avoir pensé à marchander quant à son indépendance et sa souveraineté, ainsi qu’au droit de son peuple au développement et à l’essor.
Je tiens à remercier toutes les Tunisiennes et tous les Tunisiens qui m’ont adressé des milliers de messages d’amour et de reconnaissance. Et je souhaite à notre cher peuple de pouvoir vaincre les difficultés, et à la Tunisie, la stabilité, l’essor et la prospérité… Et soyez assurés que, grâce à Dieu, je serai de retour… »