Suite à un mois de manifestations, et sur un dernier coup de pression de l’armée, Abdelaziz Bouteflika quitte la présidence après 20 ans de pouvoir.
Après plus d’un mois d’une contestation populaire sans précédent, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a remis sa démission. Le président de la République algérienne, au pouvoir depuis vingt ans, « a notifié officiellement au président du Conseil constitutionnel sa décision de mettre fin à son mandat », a appris l’agence de presse officielle APS auprès de la présidence de la République, ce soir du mardi 2 avril 2019.
Sous la pression de la rue, il avait déjà renoncé, en mars, à briguer un cinquième mandat et avait annoncé le report sine die de l’élection présidentielle, normalement prévue ce mois-ci. Des annonces qui n’avaient pas suffi à calmer la contestation de la rue.
Plus tôt dans la soirée de mardi, le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah, avait demandé que soit « appliquée immédiatement » la procédure constitutionnelle permettant d’écarter le chef de l’Etat du pouvoir.
Dans un communiqué, l’armée algérienne disait considérer comme non authentique le communiqué présidentiel du 1er avril annonçant la démission du président Abdelaziz Bouteflika avant la fin de son mandat, estimant qu’il n’émane pas du chef de l’Etat mais « d’entités non constitutionnelles et non habilitées ». Le communiqué ne précise pas quelles sont ces « entités ».
« Protéger le peuple d’une poignée de personnes »
Le général Gaïd Salah, longtemps un fidèle du président Bouteflika, fustigeait ensuite « l’entêtement, la tergiversation et la sournoiserie de certains individus qui œuvrent à faire perdurer la crise et la rendre plus complexe ». Ces individus ont pour « seul souci la préservation de leurs intérêts personnels étroits », ajoute-t-il, dans ce qui semble être une attaque contre l’entourage proche du président Bouteflika.
L’armée a pour « unique ambition » de « protéger le peuple d’une poignée de personnes qui s’est indûment accaparée des richesses du peuple algérien » et qui « à l’heure qu’il est (…) s’affaire » à fomenter « des plans douteux, tendant à déstabiliser le pays ».