TUNIS – UNIVERSNEWS – En Tunisie, l’épidémie saisonnière de bronchiolite débute généralement à la mi-octobre, atteint un pic en décembre et se termine à la fin de l’hiver. Les symptômes peuvent s’avérer impressionnants : toux qui ne s’arrête pas, respiration rapide et sifflante. Chaque année, la bronchiolite a un fort impact sur notre système de soins, avec un taux d’hospitalisation important chez les moins de 1 an. Pendant la saison hivernale 2020-2021, l’incidence de la maladie a été très faible. Ceci s’explique en grande partie par l’obligation des mesures barrières décidées lors de la pandémie Covid-19, et il est fort probable que l’allègement de cette obligation aura un impact sur l’incidence de la bronchiolite dans les mois à venir. Nous assistons déjà à une recrudescence des cas de bronchiolites depuis deux semaines environ. Les explications du pédiatre, Dr Salem Sahli
* Universnews : C’est quoi la bronchiolite ?
– Dr Salem Sahli : La bronchiolite est la plus fréquente des infections virales respiratoires basses du nourrisson. Il s’agit d’une atteinte inflammatoire des ramifications bronchiques terminales qu’on appelle bronchioles. Celles-ci sont le siège d’une inflammation plus ou moins diffuse avec hypersécrétion à l’origine de bouchons qui obstruent la lumière bronchique. La bronchiolite survient généralement par épidémies hivernales, elle est causée dans 90% des cas par un virus : le virus respiratoire syncytial (VRS). La transmission se fait par contact direct avec les sécrétions contaminées, ou indirect (jouets, mains, stéthoscope…).
* Quels sont les signes cliniques de la maladie ?
– La maladie commence par des signes ORL : rhume d’allure banale, toux sèche…Puis surviennent des signes respiratoires avec augmentation de la fréquence respiratoire (polypnée), difficultés respiratoire (dyspnée) et à l’auscultation pulmonaire, le médecin perçoit des râles crépitants ou des sifflements. Chez le très jeune nourrisson, la symptomatologie peut se résumer à des arrêts respiratoires (apnées) isolés. La fièvre est peu élevée (38 à 38.5°C) et l’enfant est fatigué et a des difficultés à l’alimentation.
* Comment évolue la maladie ? Y a-t-il des complications ?
– Dans les formes communes, l’évolution est favorable dans la majorité des cas avec disparition des signes d’obstruction en 8 à 10 jours. Une toux résiduelle peut néanmoins persister pendant deux semaines. Un certain nombre d’enfants font des bronchiolites à répétition. Il s’agit fréquemment d’enfants ayant un terrain atopique qui peuvent évoluer vers une maladie asthmatique. A partir d’un troisième épisode de bronchiolite, il est normal d’évoquer l’asthme du nourrisson.
Le risque de détresse respiratoire grave est plus important chez les enfants de moins de 6 semaines, mais la mortalité est quasi nulle.
Les complications sont fréquentes lorsqu’il existe une pathologie sous-jacente: mucoviscidose, cardiopathie congénitale, malformation pulmonaire, déficit immunitaire, prématurité…
* Comment traiter la bronchiolite ?
– Le plus souvent, le traitement se fait à domicile. 7 % des cas seulement nécessitent une hospitalisation. Le traitement est symptomatique et associe couchage en position proclive dorsal à 30°, tête en légère extension, hydratation, nutrition : fractionnement de l’alimentation, épaississement des biberons, désobstruction nasale : essentielle à la respiration et interdiction du tabac passif.
Les médicaments (antitussifs, mucolytiques, corticoïdes, bronchodilatateurs, antiviraux…) ne sont pas indiqués dans les formes communes et les antibiotiques seront discutés s’il existe des signes en faveur d’une surinfection bactérienne : fièvre pendant plus de 48h, otite moyenne aiguë, pathologie pulmonaire ou cardiaque sous-jacente.
* Quand faut-il hospitaliser un nourrisson atteint de bronchiolite ?
La bronchiolite aiguë du nourrisson peut, dans quelques rares cas, mettre en jeu le pronostic vital. L’hospitalisation s’impose en présence d’un des critères de gravité suivants: altération importante de l’état général, détresse respiratoire grave (apnée, cyanose), âge < 6 semaines, prématurité, cardiopathie sous-jacente, pathologie pulmonaire chronique grave et troubles digestifs compromettant l’hydratation. L’oxygénothérapie est alors nécessaire et peut aller jusqu’à la ventilation assistée dans les formes sévères
* Que peut-on conseiller aux parents pour prévenir la bronchiolite ?
– Quelques mesures simples permettent de réduire l’incidence de la bronchiolite du nourrisson en limitant la transmission du virus. Ce sont en gros les mêmes gestes préconisés pour lutter contre le coronavirus dont la transmission est identique à celle du virus respiratoire syncitial. Il faut se laver systématiquement les mains à l’eau et au savon pendant au moins 30 secondes avant de vous occuper de votre bébé, porter le masque, ne pas embrasser l’enfant sur le visage lorsque l’on est enrhumé, ne pas échanger dans la famille : biberons, sucettes, couverts des différents enfants. En cas de rhume du bébé, il faut veiller à désobstruer régulièrement ses voies nasales à l’aide de sérum physiologique et éviter autant que possible aux bébés la fréquentation des lieux enfumés et ceux où ils peuvent être en contact avec des personnes enrhumées (supermarchés, transports en commun…). Le tabagisme passif aggrave la bronchiolite.
Mohamed SELIM