Sur fonds de critiques tant au gouvernement qu’aux entreprises privées pour leur passivité, un séminaire sur la fuite des compétences tunisiennes en Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), à l’étranger, organisé, jeudi 13 décembre, par la Fédération nationale du Numérique (INFOTICA), à l’UTICA, a déploré l’ampleur prise par le phénomène face à l’aggravation des causes à l’origine de ce départ massif, soit notamment l’environnement général négatif dans le pays et la faible rémunération des compétences et des talents en Tunisie.
Les ingénieurs et cadres en TIC forment le gros des cerveaux tunisiens ayant quitté le pays au cours des sept dernières années dont le nombre est estimé, au total à 95 mille. Celui des compétences tunisiennes en TIC partis faire carrière à l’étranger se situe aux environs de 60 mille. Il s’agit notamment d’ingénieurs et de titulaires de masters, tandis que sur le plan des spécialités, les développeurs et les programmeurs viennent en tête.
Les médecins viennent en deuxième position après les compétences en TIC en matière de fuite de cerveaux tunisiens à l’étranger.
Le ministre des technologies de la communication et de l’économie numérique, Anouar Mâarouf, présent à la rencontre, a admis l’aggravation de ce phénomène de fuite alors que le nombre des diplômés et des étudiants en TIC dans les Universités tunisiennes, a-t-il dit, diminue, sans cesse, atteignant 8 mille diplômés l’année dernière, contre 12 mille en 2010.
Il a expliqué la fuite de ces compétences tunisiennes à l’étranger par les causes signalées ainsi que par la demande internationale croissante en ingénieurs et spécialistes en TIC , signalant que la question de cette fuite est discutée au plus haut niveau et a été dernièrement à l’ordre du jour du Conseil national de sécurité. Il a ajouté qu’il existe une stratégie et des actions pour promouvoir la digitalisation en Tunisie et l’emploi des diplômés en TIC, mais, a-t-il souligné, toute l’attention du gouvernement et des ministres est portée, actuellement, à la solution des nombreux et épineux problèmes quotidiens comme les grèves et les revendications, et qui touchent au devenir du pays et du gouvernement même.
Certains participants ont réclamé des démarches officielles pour obtenir des compensations financières de la part des pays qui recrutent des compétences tunisiennes, soit les pays d’Europe, d’ Amérique du Nord, comme le Canada, et aussi les pays arabes du Golfe.
Le ministre a admis que certains dons entrent tacitement dans ce cadre.
En effet, selon certains, le coût inhérent à la formation de ces compétences tunisiennes dépassent de loin le montant des crédits et assistance financière accordés par tous ces pays à la Tunisie.
Il a été aussi proposé de surveiller de près certaines sociétés de services qui vivent sur l’exportation et « la vente » de ces compétences tunisiennes.
Le plus grave est que d’après les conclusions d’une enquête, la grande majorité de ces compétences ne pense pas à retourner au pays.
Salah Ben Hamadi