
Tunis, UNIVERSNEWS (Société) – Hors de questions pour les Tunisiens de dire adieu aux restaurants, aux sorties, aux loisirs ou encore aux vacances. Alors quand l’inflation s’installe, les consommateurs s’adaptent. En effet, ils ont légèrement modifié leurs habitudes de consommation et la manière de faire leur course pour pouvoir continuer à se faire plaisir. Bien que l’on dise toujours que l’argent ne fait pas le bonheur, rien ne semble moins vrai. Ceux qui se trouvent dans une position économique vulnérable sont moins heureux que ceux qui ne le sont pas. Selon une enquête sur le Budget, la consommation et le niveau de vie des ménages durant la période 2015-2021, les dépenses des tunisiens liées aux loisirs et à la culture ne représentent que 0.8% de la dépense moyenne des ménages estimée à 5 468 dinars en 2021.
La part consacrée aux loisirs et à la culture est passée de 1,1% en 2015 à 0,8% en 2021. En valeur, elle est passée de 44 dinars en 2015 à 46 dinars en 2021. Mais malgré la cherté de la vie, les grandes avenues ne connaissent pas de répit. Les cafés et les salons de thé affichent complets. Il y a de quoi satisfaire tous les goûts quelle que soit la bourse. Les espaces d’attractions luxueuses se multiplient et les Tunisiens s’adaptent aisément aux nouvelles tendances. Il est vrai que le contexte de la forte inflation qui frappe de nombreux produits est venu chambouler les habitudes des citoyens. Ainsi, plusieurs tunisiens ont modifié leurs loisirs en raison de la hausse du coût de la vie.
Loisirs : Mais à quel prix ?
Les Tunisiens préfèrent toujours économiser de l’argent afin de pouvoir profiter d’un dîner au restaurant, prendre des vacances ou organiser des sorties entre amis ou en famille. « Je ne recule pas pour aller dans un resto le week-end » précise Alia, cadre dans une banque. Son ami Jihane doit se serrer la ceinture pour prendre son café dans un salon de thé après la sortie du bureau .«C’est dommage, on ne peut pas profiter comme avant, quand on était plus jeunes. Tout augmente», précise Jamel, professeur de français. Voulant sortir avec sa femme et ses enfants, il n’a pas trouvé où aller faute de moyens », affirme avec regret. «Alors on se contente de venir nous promener ici au centre-ville. C’est vrai que cela nous change de la routine quotidienne, toutefois ça ne reste qu’une petite promenade. Rien de très enrichissant», ajoute-t-il en expliquant qu’il aurait préféré aller assister à un programme culturel, mais un concert musical exige plusieurs billets de dinars.
«Avec les prix des produits alimentaires qui ont flambé, on ne sait pas si on doit manger ou se divertir», ironise ce père de famille qui était en train de commander des sandwichs de grillade pour lui et sa famille qui l’attendait dans la voiture. « C’est exorbitant quand on a une famille à charge», poursuit-il. « Aujourd’hui, on travaille durement mais on a envie de profiter, l’argent on ne va pas l’emmener avec nous, on essaie de le dépenser dans les loisirs », assure Ali, commercial dans un supermarché qui confirme privilégier les loisirs. « On ne va pas attendre la retraite pour profiter », abonde Samir, un jeune ingénieur. Le budget loisirs, en hausse, s’avère donc être aussi contraint. Soucieux d’optimiser leur budget, les ménages ont recours à différentes stratégies. Parmi les plus citées figurent le choix des cafés et des restaurants permettant d’avoir de meilleurs tarifs. Pour financer leurs loisirs, piocher dans son budget courant est la solution privilégiée par les Tunisiens. Nombreux sont ceux à ne pas hésiter aussi à puiser dans leur épargne personnelle. (M.S)