- Ces nominations interviennent dans une ère où l’innovation, la recherche et les nouvelles technologies jouent un rôle déterminant dans la production industrielle numérisée
- Après plus soixante-sept ans d’indépendance, ce secteur est encore sous-développé, peu intégré et toujours inapte à créer assez d’emplois et assez de valeur ajoutée
- Aujourd’hui, la filière textile n’arrive pas à habiller la population tunisienne qui s’habille à hauteur de plus de 60% chez les fripiers
- Des produits du terroir, reconnus internationalement, sont exportés en vrac alors que le pays aurait pu tirer d’importants gains en devises s’ils étaient conditionnés
TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF) –Le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie vient de nommer de nouveaux directeurs généraux à la tête de 4 centres techniques industriels. Il s’agit de Noureddine Guizani (Centre technique des industries mécaniques et électriques (CETIME), Issam Krid (Centre technique de l’agroalimentaire (CTAA), Narjes Maslah Hammar (Centre technique de l’emballage et du conditionnement (PACKTEC) et Riadh Ben Rejeb (Centre national du cuir et de la chaussure (CNCC).
Ces nominations ne manquent pas d’enjeux en ce sens où elles concernent des filières d’avenir. Mieux, elles interviennent dans une ère où l’innovation, la recherche et les nouvelles technologies jouent un rôle déterminant dans la production industrielle numérisée.
A quoi servent les centres techniques industriels ?
Est-il besoin de rappeler qu’en théorie, les centres techniques industriels (CTI), sont des structures de recherche technologique qui interviennent en support des filière industrielles.
Ce sont le plus souvent, des boîtes d’ingénieurs qui exercent une mission d’intérêt général dans les domaines de la veille technologique, de la recherche et développement et de la normalisation.
C’est pourquoi, nous espérons que ces nouvelles nominations ont été décidées sur des critères de favoritisme et de copinage comme cela a été le cas jusqu’à ce jour, dans l’administration tunisienne, mais sur la base de contrats programmes et d’objectifs réalisables. Notre souhait est que ces nouveaux directeurs généraux soient reconnus comme des chefs de projets et des animateurs de compétences créatrices et innovantes. Avec ce profil de responsables, l’obligation de résultats doit être le maître mot.
Les 8 centres techniques ont du pain sur la planche
Nous disons cela, car un regard d’ensemble sur le degré de développement de l’industrie du pays montre qu’après plus soixante-sept ans d’indépendance, ce secteur est encore sous-développé, peu intégré et toujours inapte à créer assez d’emplois et assez de valeur ajoutée. Ses produits, quand ils existent, sont rares, chers et de mauvaise qualité.
Mention spéciale pour l’industrie textile qui a vampirisé le plus net des investissements et des incitations fiscales et financières. Aujourd’hui, cette filière n’arrive pas à habiller la population tunisienne. Les Tunisiens s’habillent à hauteur de plus de 60% chez les fripiers.
Même remarque pour l’agro-alimentaire. Des produits du terroir, reconnus internationalement, de grande qualité, sont toujours exportés en vrac alors que le pays aurait pu en tirer d’importants gains en devises si jamais ils étaient conditionnés.
Plaidoyer pour un écosystème favorisant l’innovation
A l’origine de ces contre-performances, figure en partie, le mauvais rendement des 8 centres techniques que compte le pays. D’où l’urgence de restructurer ces centres, d’améliorer leur gouvernance et de les doter de budgets conséquents et des ressources humaines numérisées, compétentes et motivées.
Cette restructuration souhaitée n’est pas, du reste, une fin en soi. Elle demeurera insuffisante et inefficiente tant que le gouvernement ne l’a pas accompagnée par la mise en place un écosystème numérique favorisant l’innovation, la recherche et la performance.
Pour le moment, la Tunisie traîne d’importantes insuffisances en matière d’innovation. Au nombre de celles-ci, le rapport 2023 de l’indice mondial de l’innovation publié par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), évoque la mauvaise qualité de l’environnement numérique en général.
Dans le détail, le rapport évoque: « des tarifs douaniers élevés, un écosystème de recherche peu développé, des exportations au contenu technologique réduit, un recours insuffisant à l’économie de la connaissance et une main d’œuvre non-numérisée ».
Le rapport fait état également de la faible qualité des institutions, l’instabilité juridique, la modicité de l’investissement dans l’infrastructure dédiée à l’innovation. Et la liste des insuffisances est loin d’être clôturée.
Cela pour dire in-fine que les centres techniques industriels du pays ont encore du chemin à parcourir pour s’affirmer en tant que structures qui stimulent et favorisent l’innovation, la maîtrise des technologies (Intelligence artificielle et autres) et l’ancrage, dans les entreprises, de deux prérequis de l’innovation : le souci de l’excellence et le souci de la qualité.
Khemaïes KRIMI