- La baisse du déficit commercial ne provient pas de l’augmentation des exportations, mais plutôt de la politique d’austérité entreprise au niveau des importations
- Le point négatif est celui lié à la baisse des exportations du phosphate et de ses dérivés de plus d’un tiers (-30,4%) et du secteur du textile, d’habillement et du cuir de 9,2%… ce qui est totalement inacceptable
- Appel à mettre un terme à la politique d’austérité concernant les importations de matières premières et semi-manufacturées qui est nuisible à l’économie nationale
- L’Etat tunisien doit supprimer toutes les licences et obstacles administratifs afin que toutes les institutions économiques adhérent aux énergies renouvelables
TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF – Red) – L’universitaire et expert en économie, Ridha Chkoundali a déclaré que le déficit commercial de la Tunisie suit une trajectoire positive et qu’il est en train de s’améliorer d’une année à autre, passant de 11,8 milliards de dinars lors des six premiers mois de l’année 2022 à 8,7 milliards de dinars en 2023 pour atteindre 8 milliards de dinars en 2024.
Dans un statut posté sur sa page Facebook, il a expliqué que cette amélioration ne provient pas de l’augmentation des exportations qui ne cessent de baisser d’année en année (2,2% contre 10% en 2023 et bien plus les années précédentes), mais bien de la politique d’austérité entreprise au niveau des importations, lesquelles sont stabilisées à un niveau faible.
A ce titre, il a assuré que le point positif de l’amélioration du déficit commercial est le doublement des exportations d’huile d’olives, passant de 1,8 milliard de dinars au cours du premier semestre de l’année dernière à 3,4 milliards de dinars au cours du premier semestre de cette année.
En revanche, le point négatif est celui lié à la baisse des exportations du phosphate et de ses dérivés de plus d’un tiers (-30,4%) et du secteur du textile, d’habillement et du cuir de 9,2%, ce qui est totalement inacceptable, selon ses dires : « Comment peut-on être autonome alors que le secteur des phosphates qui est la principale source de devises pour le pays et est en déclin d’année en année ? », s’interroge Chkoundali.
Quant à la baisse des exportations du secteur du textile, de l’habillement et du cuir, il a expliqué que cela est principalement due au coût élevé supporté par le secteur après la révision de l’accord commercial avec la Turquie vers une augmentation des droits de douane sur les importations qui en proviennent et qui sont principalement des matières premières et semi- manufacturés.
Ridha Chkoundali a considéré comme « critique et dangereux » la politique d’austérité sur les importations du secteur privé appliquée sur les matières premières et les matériaux semi-manufacturés nécessaires au processus de production. Selon lui, ces dernières ont continué à baisser de -3,4% après une baisse importante l’année dernière, ce qui menace le pays de nouvelle contraction de l’économie. Cela risque également de faire chuter de nouveau les recettes fiscales de l’État et renforcer le recours à l’endettement extérieur au cours des prochaines années, appelant ainsi à mettre un terme à cette politique d’austérité concernant les importations de matières premières et semi-manufacturées en raison de ses mauvaises répercussions sur l’économie nationale.
Ce qui est aussi effrayant, selon lui, c’est que le déficit énergétique ait atteint des limites que l’économie tunisienne ne peut plus supporter. Sur les 8 Milliards de dinars de déficit commercial, il y a 5,8 Milliards de dinars de déficit énergétique, ce qui nécessite une coopération entre le gouvernement et la Banque centrale pour mettre fin à cette hémorragie.
Selon lui, la Banque centrale peut adopter une politique énergétique encourageant les énergies renouvelables, tout en prêtant directement et sans intérêt, à la Société tunisienne d’électricité et de gaz (STEG), afin que les familles et les institutions économiques tunisiennes puissent être dotées de capteurs solaires (photovoltaïques). L’Etat tunisien doit également supprimer toutes les licences et obstacles administratifs afin que toutes les institutions économiques adhérent à cet important projet national, selon ses dires.