- S’appuyant sur le soutien des forces armées, Kaïs Saïed en profite pour mettre tous les Tunisiens, devenus des sujets, au pas. Jusqu’à quand ?!
- Une théorie inventée par le chef de l’Etat : « La justice n’est pas un pouvoir indépendant, mais une simple fonction »
Dans toutes les sphères politiques, tous les acteurs socioéconomiques, toutes les personnalités appartenant à des partis, à des organisations nationales ou encore à la société civile ont des griefs à reprocher au Président de la République que certains dont notamment le Parti Destourien Libre, ne le considèrent plus comme tel, mais en tant que « président de l’autorité en place ».
Aidé par la sortie de manifestants, dont la spontanéité reste à prouver tellement elle était synchronisée quant à sa limitation dans le temps et par l’ampleur, le chef de l’Etat bénéficie donc d’un élan populaire qui y voyait une aubaine pour chasser les « khouenjiya ».
Le président de la République joua le jeu et en profita pour prendre les premières mesures dites exceptionnelles dans le cadre de l’activation de l’article 80 de la Constitution, avec notamment la suspension des activités et des prérogatives du Parlement, de la suppression de l’immunité parlementaire et le limogeage de Hichem Mechichi et de son gouvernement.
On avait espéré une fin des dispositions exceptionnelles et une solution pour qu’on ne retourne plus à l’ancienne ARP. Mais que nenni ! Ceux qui connaissent Kaïs Saïed de plus près étaient sûrs qu’il ne raterait plus jamais une pareille occasion, qu’il aurait peut-être contribué à provoquer, pour s’emparer seul du pouvoir.
Le hic, c’est qu’il n’a jamais reconnu avoir « tordu le cou à la Constitution », alors que le monde dont notamment les plus grands spécialistes en droit constitutionnel et les plus fervents de ses inconditionnels.
En effet, avec le décret 117 annoncé un certain 22 septembre sans le faire accompagner par un échéancier clair et précis, Kaïs Saïed est entré dans une nouvelle phase en vue d’une mainmise sur tous les pouvoirs.
Et après avoir imposé une seule tête pour l’exécutif et la suspension de celui législatif, est en train d’exploiter les lenteurs constatées dans le traitement des affaires portant sur des “crimes” électoraux par la Cour des comptes pour verrouiller tous les pouvoirs.
“La justice n’est pas un pouvoir, mais juste une fonction”, a t-il martelé en recevant le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie qui s’est laissé faire en subissant le monologue du chef de l’Etat, emporté par l’énervement et les violences verbales.
Ainsi, on ne sait pas quelle mouche l’a piqué pour partir dans une diatribe “indigne” d’un président de la République contre une personne que tout un chacun a compris qu’il s’agissait du respecté et respectable Fadhel Abdelkéfi que Kaïs Saïed a délibérément “traîné dans la boue” en le taxant de “voleur que malheureusement la Cour de Cassation a innocenté”.
Si on y ajoute à celà ses propos concernant le Conseil supérieur de la magistrature qu’il aurait l’intention de dissoudre, on comprend que la boucle est presque bouclée.
Une cheffe du gouvernement qui ne parle pas et ne sait rien dire à part “machallah”, des politiciens mis à l’écart et bannis de la vie publique, des hommes d’affaires ayant le couteau sur la gorge, des économistes qui s’expriment juste pour la galerie sans la moindre chance d’être écoutés, des libertés qu’on dit être respectées alors que ce n’est pas le cas.
Un pouvoir régalien pour imposer un référendum bizarre, pour imposer une démocratie par la base, pour imposer un système économique basé sur le concept des entreprises citoyennes.
On dort et on se réveille, généralement en fin d’après-midi, pour apprendre de nouvelles nominations, souvent des personnes appartenant aux coordinations de Saïed et aux pages facebookiennes le soutenant.
Une réécriture de l’histoire d’un seul trait de stylo et d’une manière unilatérale sans consulter quiconque. Mais il viendra vous dire, par la suite, qu’il discute avec tout le monde. Il faut dire qu’il n’a trouvé personne pour le contredire ou s’opposer à ses décisions bien qu’elles soient, toutement, unanimement ou presque décriées.
Et par les temps qui courent, les Zouheir Maghzaoui, Ghazi Chaouachi, Mohamed Abbou, Sghaïer Zakraoui, qui étaient ses inconditionnels, l’ont délaissé. Bien sûr, il y a Mongi Rahoui qui croit encore au Père Noël dans le sens où il espère encore une exclusion des khouenjiya, alors que des éminents et respectables juristes, en l’occurrence les Sadok Belaïd et Amine Mahfoudh qui continuent à poser avec lui pour faire croire qu’ils le soutiennent alors qu’ils n’ont prononcé aucun mot lors de la dernière audience qu’il leur a accordée. C’est à croire qu’ils ont subi la contagion de Nejla Bouden.
Alors, la question que toute l’opinion publique se pose, dont notamment lors d’émissions à grande écoute, est la suivante : Si Kaïs Saïed fait, à ce point l’objet d’opposition de la part des Tunisiens, comment parvient-il à faire passer ses décisions acceptées et exécutées avec tant de docilité ?
La réponse que personne ne voulait prononcer mais qui est, petit à petit avouée et même dite à haute voix, est la suivante : Kaïs Saïed fait peur aux citoyens et aux composantes sociopolitiques parce qu’il sait que les forces armées sécuritaires et, surtout, militaires dont il est, théoriquement, le chef suprême, lui obéissent, jusque-là. Jusqu’à quand surtout s’il continue à tirer sur la corde ?
En effet, sans les forces armées, Saïed aurait-il réussi à faire passer ses décisions à caractère unilatéral et dictatorial ? Sans le soutien des forces armées aurait-il osé enfreindre toutes les dispositions de la Constitution tout en essayant d’accaparer tous les pouvoirs sans exception ?
Il s’agit, là, de propos qui se sont déjà fait entendre sur les ondes de médias audiovisuels par des journalistes respetueux et réputés par leur bon sens et leur vista du paysage politique dont les Haythem Mekki, Kaouthar Zantour, Zied Krichen, Mariem Belkadhi, le chroniquer, Khalifa Chibani et bien d’autres…
Alors à quand le réveil, Monsieur Kaïs Saïed ? Pourvu que cela ne soit pas trop tard. Sinon c’est tout le pays qui risque d’être embrasé par les feux de la haine et des divisions que, malheureuement, le chef de l’Etat attise depuis qu’il tente de faire croire que tous les Tunisiens sont des « voleurs, des escrocs, des corrompus, etc…»
D’ailleurs, certains parmi le cercle rapproché du président de la Répulique avaient indiqué, après la nomination de Fakhfakh, qu’il l’aurait désigné parce qu’il savait qu’il n’allait pas obtenir le vote de confiance, ce qui lui permettrait de dissoudre l’ARP. Et il avait failli réussir avant de récidiver en nommant Hichem Mechichi sorti du néant.
Réultat : de pourrissement en pourrissement, le pays est arrivé à une situatiion de blocage créée par la majorité en place avant le 25 juillet et voulue par le chef de l’Etat pour pouvoir crier au danger imminent et l’activation de l’article 80 de la Constitution avec une exploitation biaisée…
Noureddine HLAOUI