Mais quelle mouche a piqué la Tunisie et les Tunisiens à tous les niveaux, plus précisément chez la classe politique et celle des décideurs ?!
Depuis l’an 2015, au lendemain des premières élections dites définitives, libres, démocratiques et transparentes, tout le monde a cru, en se fiant aux promesses et engagements pris lors des campagnes électorales menées par le parti vainqueur de Nidaa Tounès, afin de restaurer le prestige de l’Etat. Entendons, par là le retour au respect de l’Etat de droit et des institutions, comme c’est le cas dans toute démocratie qui se respecte…
Mais par la faute d’un système politique et d’un régime électoral biaisés et minés par la Constitution mise au point par la défunte Assemblée nationale constituante (ANC), outrageusement dominée par le parti islamiste d’Ennahdha qui avait mis la main et infiltré tous les départements ministériels, dont notamment ceux de l’Intérieur et de la Justice, la Tunisie n’a fait que sombrer dans l’insécurité,l’instabilité et l’incertitude sociale génératrice d’une situation économique des plus désastreuses.
En effet, de l’avis général, à part, une amélioration relative de la situation sécuritaire et des perspectives touristiques prometteuses dues, en grande partie, à la personne du nouveau ministre du Tourisme, René Trabelsi, qui jouit des faveurs des décideurs des pays occidentaux ainsi que quelques embellies pour certaines branches agricoles, mais qui demeurent aléatoires et tributaires des conditions climatiques, la majorité des autres secteurs sont en difficultés, voire carrément en panne pour nombre d’entre eux.
Cette crise vient d’être mise à nu de façon criarde avec l’annonce d’une croissance de 1,1% pour le 1er trimestre 2019, ce qui est « catastrophique et très en deçà de ce qui était projeté par les pires des prévisions, sachant que l’ARP vient d’autoriser l’Etat, moins d’un moins après l’avoir rejeté, à sortir sue le marché international pour collecter 800 millions de dollars ! Non pas pour servir à des investissements dans des projets, mais pour financer le budget de l’Etat 2019 !
Bien sûr, sans compter les innombrables arrêts de travail et de production dans des secteurs sensibles dont, notamment, bien entendu, ceux des phosphates, des hydrocarbures, du transport, de l’enseignement dans ses divers cycles… Avec tout ce que cela implique comme tension sociale et un manque à gagner terrible pour la trésorerie du pays.
L’état des lieux actuel fait pitié dans le sens où l’Etat ne parvient pas à faire respecter et appliquer les lois. Même les décisions judiciaires, elles sont appliquées, soit avec grande « célérité » – parfois exagérées – ou pas du tout.
La présidence de la République est quasi-absente, notamment depuis quelques mois, ce qui s’est répercuté sur son attitude hésitante et vacillante face à la crise secouant notre voisin libyen. Le gouvernement est dispersé entre la gestion des affaires courantes du pays et le suivi de l’évolution du parti « Tahya Tounès », dans le sens où la plupart de ses membres sont actifs au sein dudit part.
D’ailleurs, les exemples sur les pédalages et l’impunité due à la non-application des lois sont nombreux.
Qu’a-t-on fait pour les sit-inneurs qui font arrêter toute production de phosphates pendant des années ? Qu’a-t-on fait avec les perturbateurs à El Kamour ? Qu’a-t-on fait avec les perturbateurs à Kerkennah dans le cas de la société de PETROFAC ? Qu’a-t-on fait avec les casseurs dans les hôitaux ? Qu’a-t-on fait avec les accusés dans l’affaire de l’appareil sécuritaire secret ? Qu’a-t-on fait avec le directeur de l’Ecole de Regueb qui, curieusement, après avoir été accusé de terrorisme, de pédophilie et autres, s’est vu lavé de tout délit et pratiquement libé ?
Où en est l’affaire Jerraya ? Saber Laâjili et Imed Achour ont été libérés après 15 mois de détention environ, mais qu’a-t-on fait pour leur réhabilitation et leur dédommagement pour tous les mois passés en prison sans jugement ? L’expert onusien, le tuniso-allemand, Moncef Kartas, vient d’être libéré, par une décision judiciaire, après deux mois de détention pour une présumée affaire d’espionnage. Comment et pourquoi ?
A noter ici, la mascarade d’un certain reportage avec des informations non officielles, mais présentées comme étant des vérités suite à un travail d’investigations. On est allé jusqu’à parler d’un appareil ultrasophistiqué coûtant, tenez-vous bien, plus de 100 mille dollars, soit plus de 300 mille de nos dinars ! Un appareil capable de mettre sur écoute et d’espionner le Palais présidentiel, les aéroports, la navigation aérienne, les communications chez les militaires et dans les zones de lutte antiterroristes…
D’ailleurs, ledit reportage, qui donnait froid au dos surtout qu’il était par d’autres infos « révélées par un politicien connaissant les rouages du ministère de l’Intérieur, est resté, curieusement, sans lendemain. Bizarre !…
Les « dossiers » que retiennent les uns contre les autres, notamment chez les politiciens, sont devenus légion et sont utilisés comme des moyens de pression, voire de chantage, la dernière vidéo fuitée impliquant le dirigeant nidaïste Sofiène Toubel en est un exemple criard.
L’affaire des pages mises en œuvre par une agence israélienne de communication ciblant notamment le chef du gouvernement Youssef Chahed est un autre cas de déraillement qu’il faut sanctionner…D’ailleurs, certes ce cas est aggravé par le fait que c’est une agence israélienne qui l’a réalisé, mais il faudrait que l’Etat, qui en a les moyens, dévoile cette énigme et mette à nu toutes les parties finançant ces pages et bien d’autres servant à dénigrer et à diffamer les adversaires.
Et ces associations qui, par centaines voire milliers, agissent avec des sommes faramineuses d’argent qui coule à flot sans que l’Etat ne bouge pour dire aux Tunisiens toute la vérité sur cette pieuvre tentaculaire !
Sans parler des accusations et des menaces, souvent sans la moindre preuve, donc infondées dont la dernière en date et la plus grave est cet avec fait par un député à l’égard du chef du gouvernement…
Sans entrer dans d’autres détails des dépassements de ce genre, et ils sont trop nombreux, la conclusion est que le pays se trouve livré est lui-même où la majorité des parties agissent en toute impunité.
En tout état de cause, l’heure est grave et tout le monde attend avec impatience la remise du pays sur les rails d’une gestion contrôlée où l’Etat joue son rôle pour garantir, à tous les citoyens, liberté et respect, mais aussi une vie quotidienne digne et décente.
Noureddine HLAOUI