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Si le prix du baril reste inférieur à 30 dollars, certains gisements en Tunisie ne seront plus rentables
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Les premières prévisions évaluent les gains potentiels de cette chute, entre 600 et 700 MD
La chute du prix du baril de Brent à l’international aura des répercussions positives sur l’économie tunisienne, dans la mesure où il permettra, d’une part, d’alléger la facture commerciale, et partant la balance courante, et d’autre part, de diminuer la subvention directe et indirecte, a indiqué Fethi Nouri, expert et spécialiste en énergie, dans un entretien avec l’agence TAP.
En fait, cette baisse des prix permettra de réduire le déficit commercial, dans la mesure où plus de 50% de notre facture commerciale est purement énergétique. A la fin du premier trimestre 2020, le déficit de la balance commerciale s’est établi à 3,506 milliards de dinars, dont le déficit de la balance énergétique, représente 1,757 milliard de dinars.
L’économiste a souligné qu' »une fois le déficit commercial, maîtrisé, cela donnera un bouffée d’oxygène à notre balance courante, ce qui se traduira par l’amélioration de nos réserves en devises », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, la baisse des prix du pétrole allégera l’enveloppe réservée à la subvention directe des produits pétroliers et du gaz (destinés à la consommation), et la subvention indirecte, puisque la trésorerie de la STEG et celle de la STIR seront soulagées par la chute du prix du pétrole à l’importation. La Loi de Finances 2020 prévoit une enveloppe à hauteur de près de 1,9 milliard de dinars qui sera allouée à la subvention des hydrocarbures et de l’électricité.
Toutefois, Nouri a fait savoir que cette situation aura aussi des répercussions négatives, dont essentiellement, la baisse des recettes fiscales provenant des compagnies pétrolières exerçant en Tunisie, en raison de la chute de leurs ventes. Ces recettes représentent 2 points de la pression fiscale, estimée en Tunisie, à 25%.
« Par ailleurs, si le prix du baril persiste à un niveau inférieur à 30 dollars, certains gisements en Tunisie ne seront plus rentables « , a-t-il encore noté. Une baisse causée par la chute de la demande, face à une offre abondante et un problème de stockage
Revenant sur les causes de cette baisse drastique des prix du pétrole à l’international, dont le Brent qui est passé de 55 dollars, durant les deux premiers mois de l’année, à 27 dollars actuellement, Nouri a fait savoir que ceci est dû à « la baisse de la demande mondiale d’environ 30 millions de barils, suite à la suspension de l’activité économique dans les différents pays, en raison de la propagation de la pandémie.
Pour ce qui est des opportunités à saisir par la Tunisie, durant cette période de baisse des prix du pétrole, » nous ne pouvons pas prévoir les bénéfices de cette crise, du point de vue quantitatif, sur les finances publiques, bien que les premières prévisions évaluent les gains potentiels de cette chute, à 600, voire 700 millions de dinars (MD) », a t-il ajouté.
Le spécialiste a recommandé d’éviter le hedging (la couverture du risque contre les fluctuations des prix), estimant que nous ne devons pas nous aventurer sur un marché que nous ne connaissons pas bien. Il a rappelé, aussi, que nos importations en énergie baisseront significativement, à partir de l’année prochaine, avec l’exploitation du champ Nawwara au sud du pays.
D’après lui, il est aussi, impossible d’acquérir de grandes quantités de pétrole, étant donné que nos capacités de stockage sont très limitées. Dans ce cadre, il a préconisé d’augmenter notre capacité de stockage de pétrole, estimant qu’au cas où nous n’avons pas besoin de stockage, ces entrepôts peuvent être loués à des clients étrangers. « Nous devons cesser de gérer ce secteur, en tant que simple producteur ou consommateur, nous devons avoir la réflexion d’un commerçant, afin de pouvoir tirer profit des situations similaires ».
« Il faut penser sérieusement, à lancer une nouvelle stratégie dans ce domaine. Malheureusement le secteur de l’énergie en Tunisie est celui des occasions ratées par excellence, dans la mesure où il a été toujours mal géré. Ce secteur nécessite la conjugaison des efforts de toutes les parties prenantes, et de l’ensemble des compétences économiques, techniques, et commerciales, il ne peut pas être géré par des simples fonctionnaires de l’Etat », a-t-il dit.
Au plan mondial, « parallèlement à la chute de la demande, l’offre de ce produit est toujours abondante, face à une capacité de stockage à l’internationale saturée ». Le problème aujourd’hui, c’est que personne ne peut prévoir jusqu’à quand cette situation persistera, et si le prix régressera encore, bien que certaines mesures aient été prises, afin de maîtriser cette crise. En effet, l’OPEP, a demandé le 11 avril courant, aux producteurs de pétrole, de réduire leur production de 10 millions de barils, ce qui est en mesure d’alléger un peu la saturation du marché, et par conséquence le prix augmentera de nouveau ».
« Toutes les prévisions actuelles, même celles faites par des experts du domaine, sont basées sur des hypothèses qui se fragilisent de jour en jour, vu les conditions économiques, les événements géopolitiques et aussi les spéculateurs qui sont entrés en jeu ces dernières semaines », a expliqué Nouri.
Par Semia Boukhatem (Agence TAP)