La troisième partie du cycle « Ksayer wou yhayer » qui réunit quelques nouveaux courts-métrages tunisiens « à la sauce tunisienne », comme le suggèrent ses organisateurs de « Hakka Distribution », démarre sur nos écrans à partir du 11 septembre 2019.
Et c’est au cours d’une projection de presse organisée le 10 septembre à la salle « Tahar Chériâa » à la Cité de la Culture que les représentants des médias ont découvert ce programme constitué de cinq courts-métrages. Il s’agit de « Black Mamba » d’Amel Guellaty, « Le bonbon » d’Abdelhamid Bouchnak, « Bolbol » de Khédija Lemkacher, « Quand le ciel se met à crier » de Kaïs Mejri et « Les pastèques du Cheikh » de Kaouther Ben Hénia. Des films de genre concoctés par des réalisateurs appartenant à la nouvelle génération de cinéastes tunisiens qui ne se perdent pas dans tous les genres, mais essayent de surpasser le déjà vu en explorant un genre bien particulier.
Dans « Black Mamba », Amel Guellaty aborde le genre du film socio-sportif avec la boxe au féminin. Nous suivons durant vingt minutes une passion sans failles et un amour inconditionnel pour la boxe d’une jeune fille de la classe moyenne tunisienne. Elle aura bien des antagonismes à surmonter dans la vie et sur le ring. Et pour la boxe, elle abandonnera tout le soir des ses noces ! Elle échappera au conformisme social. Et déjà que son fiancé la bat en lui laissant des bleus sous l’œil, elle préfère les coups encore plus durs du noble art. La boxe est son meilleur avenir.
Et dans « Kâaba halwa » (Le bonbon), le réalisateur Abdelhamid Bouchnak entame déjà le genre de film d’horreur qu’il va concrétiser dans son premier long-métrage de fiction : « Dachra. » Durant presque tout le film, on ne voit pas le visage du personnage principal, un jeune huissier-notaire qui aborde très difficilement les premiers jours de sa vie professionnelle. Et malgré son caractère doux, il « explosera » subitement pour se venger de ses détracteurs. L’horreur qu’il a subie et qu’il fera subir à ses ennemis se lit sur son visage balafré quand on le voit de face.
« Bolbol », de Khédija Lemkacher, est un court comique de 23 minutes où l’humour froid s’invite bien que la vie du couple formant les deux personnages principaux mène une vie tristounette. « Bolbol » est le prénom de la femme qui va lui coller à la peau quand elle réalisera qu’elle est friande de belle vie et de chant. Son prénom rimera parfaitement avec son sens premier celui du rossignol.
Quant au court-métrage : « Quand le ciel se met à crier » de Kaïs Mejri, il revisite le cinéma d’horreur non sans rappeler en filigrane des croyances et autres superstitions qui poussent des gens à commettre des crimes au nom de « commandements » plutôt humains ! L’héroïne échappera miraculeusement à sa mise à mort par des personnes incultes.
Enfin, dans « Les pastèques du Cheikh », Kaouther Ben Henia revient à ses premières amours, le court-métrage, en l’occurrence. On y retrouve des repères que l’on a découverts dans ses autres films courts et longs, comme la présence des enfants et surtout la comédie. La surprise y est toujours de rigueur. La réalisatrice y aborde des sujets épineux comme l’allégeance à « Daech » dans un style des plus loufoques. Elle y réussit à travers la parabole.
Ces cinq courts-métrages constituent une séance entière de projection. Et après avoir été oublié par les distributeurs et les exploitants pour de longues années, le court-métrage et particulièrement celui tunisien retrouve son droit de passage sur nos écrans.
Lotfi BEN KHELIFA