Le théâtre et les transformations sociales est la thématique du colloque du Festival Massarat. Il a réuni des artistes et des chercheurs spécialistes en art dramatique. Le premier intervenant Abdel naceur Abdel Dayem a parlé des entraves rencontrées par la troupe théâtrale de Douz dans une région hostile au théâtre. Mais avec le temps, ils ont réussi à changer la mentalité des habitants et ont réalisé leur rêve d’intégrer l’art dramatique dans la structure mentale des gens du sud.
Toutes les transformations se reflètent dans des expressions culturelles et artistiques, a bien constaté Baghdadi Aoun, qui est parti d’une expérience théâtrale tuniso-suisse et qui traite du sujet de l’immigration clandestine.
En effet le rapport entre la société et le théâtre est organique, a affirmé l’artiste Walid Daghseni en s’interrogeant si ce sont les transformations sociales qui ont influencé l’expression dramatique ou bien c’est le théâtre qui a eu son pacte sur la société ? Pourquoi le 4ème art vit des défaillances qui l’engloutissent dans des complications esthétiques et culturelles ? Il a fait remarquer qu’un état de dérèglement et de surpassement vécu par la société s’est répercuté sur le théâtre.
Le chercheur Mohamed Kchaou a abordé le sujet d’un aspect historique en remontant à l’étape du fondement du théâtre dans la société tunisienne, c’est-à-dire, à l’époque de la colonisation française et l’émergence du premier noyau théâtral.
Le théâtre tunisien s’est préoccupé à organiser le désordre au lieu d’ébranler l’ordre préétabli en référence à Jacques Derrida dans sa théorie dé-constructive, a souligné Mohamed Hédi Farhani. L’acte artistique doit être porteur d’un discours qui incite le récepteur à la réflexion et non pas à sortir satisfait de ce qui est représenté.
La deuxième séance a réuni des chercheurs de différentes disciplines histoire, philosophie, sociologie. L’historien Abdel jalil Bouguerra a parlé du rôle important de la radio nationale dans la formation de la personnalité tunisienne à l’époque de Bourguiba, sachant que la troupe théâtrale de la radio existait depuis 1952. Certains considéraient d’ailleurs que le discours théâtral compensait les lacunes du discours politique.
Le théâtre, a ajouté Moez Whaybi dans son intervention sur les approches théâtrales entre le texte, la scène et les transformations sociales, s’est concentré sur les conditions du tunisien dans des situations diverses. On ne peut ainsi dissocier une production artistique de son contexte historique ou sociale ou politique. Enfin, la chercheure Sihem Akil a insisté sur l’idée que la culture locale peut être un instrument pour libérer le corps du comédien et ce, en partant d’un exemple appliqué par feue Raja Ammar qui a travaillé sur les différentes positions des femmes assises selon leurs traditions régionales.
Faiza Messaoudi